Rafraichissant et vif, ce petit ouvrage est néanmoins écrit sur le ton de la confidence empreinte de gravité .
Le récit des consultations avec deux patientes témoigne de l’art de la clinique et ici d’un travail d’orfèvre. Précisons qu’il s’agit d’une orfèvrerie collective où la sage-femme échographiste est une ambassadrice des soins psychiques sur mesure pour les futures mères.
Salon de haute-couture dans un hôpital public.
Un art clinique qui accepte de s’exercer dans un moment bref, quelques consultations seulement, avec deux femmes pendant leur grossesse. Ces consultations thérapeutiques font un bel hommage à Winnicott. Elles laissent penser que ces deux patientes enceintes auront pu transformer leur angoisse, que ces bébés là porteront moins le poids des projections maternelles transgénérationnelles et que l’avenir s’ouvrira pour la triade vers une tiercéité plus riche.
Sylvain Missonnier est professeur de psychologie clinique de la périnatalité à l’université de Paris, directeur du laboratoire PCPP. Psychanalyste, membre de la SPP, il dirige la collection «La vie de l’enfant » chez Érès. Il est président de l’institut du virtuel à Issy les Moulineaux.
Il parcourt ici la question des processus de mutation à travers un éclairage engagé, fidèle à l’esprit de cette collection.
Il nous fait part de ses rencontres philosophiques fécondes.
Il propose une lecture originale du texte de Freud « L’inquiétante étrangeté ».
Il expose la complexité de la vaste question de la relation d’objet virtuelle qu’il met en lien avec son expérience clinique auprès de parents pendant une grossesse.
Les questions théoriques foisonnent et vont ouvrir sur l’hypothèse d’une troisième topique en lien avec les intersections de l’intra psychique et de l’intersubjectif .
Sylvain Missonnier nous aussi donne accès à la lecture d‘expériences personnelles. Nous parcourons avec lui les chemins des transformations psychiques qui furent les siennes récemment, chemins parcourus avec une authenticité mise en abyme avec son identité de psychanalyste . Ceci est une prise de risque tout à fait remarquable et vivifiante avec un parfum d’auto-analyse. Le traumatisme est aussi un grand sujet de ce livre mais en creux, par contraste. Sylvain Missonnier a choisi de se pencher sur la métamorphose et non sur le traumatisme. Approche tonique où il souligne l’importance des expériences relationnelles précoces dans un lien avec la condition humaine néotène. Il écrit : « la place de l’autre va s’inscrire au sein même de l’organisation cérébrale du bébé (…) la qualité de l’attention qu’on accorde au bébé et des soins qu’on lui apporte a un impact énorme sur sa construction psychique et même cérébrale. » . À propos des métamorphoses, Kafka est, bien entendu à l’honneur, aux côtés de M Byldowski, C Janin, R Roussillon, C Bollas, C David.
Elisabeth Chaillou