Cet ouvrage collectif traite la question de ce qui reste après un épisode psychotique, c’est-à-dire la cicatrice, et sous quelle forme et nature elle se donne à voir. Dans le domaine de l’art, l’oreille coupée de Vincent Van Gogh dans un moment de délire est célèbre, mais ce n’est sûrement pas une cicatrice de guérison. Ce terme est d’ailleurs rarement employé dans le champ de la psychopathologie en général et de la psychose en particulier. En analogie à l’anatomopathologie, la cicatrice peut être envisagée sous l’aspect d’un traumatisme dans le passé ayant produit une effraction du tissu psychique dont le délire tenterait la suture. La cicatrice du tissu psychique témoignerait donc d’un évènement sous l’effet duquel le moi-réalité a subi une déchirure originelle. L’approche thérapeutique analytique illustrée par des cas cliniques montre que l’accès à cette déchirure ne peut se faire que par ces cicatrices. Dans ce contexte, il paraît être intéressant de distinguer cicatrisation par la psychose et cicatrisation de la psychose. Les termes cicatrice et cicatrisation ne semblent néanmoins pas très pertinents pour les formes évolutives mais s’appliqueraient plutôt aux éléments ‘fous’ résistant à toute thérapeutique. Ceci évoque également la question de l’impact de la psychose cicatricielle parentale ou familiale dans la vie de l’individu qui soit s’identifie totalement au discours de l’autre soit n’existe pas. Les cas cliniques d’enfant mettent en évidence l’importance de réintroduire le pouvoir métaphorisant d’une image figée afin de réanimer le psychisme et de l’intégrer au reste du fonctionnement psychique, et soulèvent aussi la question de cicatrisation de la psychose par les voies de la perversion dont un cas particulier constitue le fétiche. Lors d’une cure, une crise psychotique peut, d’une part, interroger sur le rapport entre ce qui n’est pas perçu dans le mouvement analytique et, d’autre part, comme expression d’une dimension historico-psychique qui est restée enkystée jusqu’à ce moment là, laissant supposer l’existence d’une catastrophe originelle.
Au total, le traitement psychanalytique de la psychose devrait tendre à signifier l’insignifiable.
Rénate Eiber (janvier 2018)