Il s’agit d’un ouvrage collectif dont les textes ont été présentés aux Journées internationales Jean Laplanche (1924 - 2012) en 2016 sur le thème de la traduction. La notion d’aide à la traduction a été elle-même introduite au cours de ces mêmes journées qui ont eu lieu en 2003. La traduction concerne les messages énigmatiques prononcés par l’adulte envers l’enfant. La théorie de la séduction généralisée stipule un caractère énigmatique du message de par la compromission par le sexuel. De cette manière, l’adulte participe activement à l’avènement des théories sexuelles infantiles car celles-ci sont une réponse à la curiosité qui s’origine dans les messages énigmatiques de l’autre. C’est précisément le mytho-symbolique qui est censé aider l’enfant à cette traduction.
L’univers mytho-symbolique est au service de la traduction de ces messages énigmatiques grâce aux schémas narratifs comme par exemple les fables. Ainsi, les ouvrages destinés aux enfants sont non seulement structurants mais lui permettent de s’introduire dans des codes du monde symbolique humain. De ce travail psychique découle une symbolisation. Le symbole aboutit à une prévalence interne et à une possibilité de reprise en charge subjective tout au long de l’existence. Une symbolisation réussie est considérée comme ouverture à l’énigme de l’autre. L’univers mytho-symbolique est un patrimoine culturel permettant des traductions susceptibles de répondre à l’énigme. Le mytho-symbolique et le sexuel infantile se situent dans le contexte de la situation anthropologique fondamentale.
Certains phénomènes culturels offrent une réouverture de l’altérité par rapport aux messages énigmatiques, comme par exemple l’univers mytho-symbolique de l’opéra qui a une fonction de réouverture de l’énigme et de nouvelle voie possible de traduction. Cependant le mytho-symbolique peut non seulement fonctionner comme aide à la traduction mais aussi comme obstacle. Les communications de l’adulte – celles dont le support est le code de la castration – peuvent agir comme des codes de traduction des messages énigmatiques et en même temps comme support des messages énigmatiques. Imposer un code conduit à un échec de traduction.
La traduction ou tentative de traduction a pour fonction de fonder un niveau préconscient dans l’appareil psychique. Traduire est un travail permanent d’attribution de sens. Dans la pratique clinique, c’est le cadre qui donne prise à la traduction issue de l’association libre, autant l’interprétation qui la débloque en la favorisant. Ainsi, la traduction devient un outil pour l’élaboration psychique et l’interprétation peut être considérée comme instrument auxillaire du processus de traduction.
L’adolescence constitue un cas particulier en ce sens qu’il s’agit de retraduire l’assignation de genre qui, plus est, dépend plus du milieu professionnel que de la famille et du socius d’origine. L’échec de ce travail peut aller jusqu’au clivage du moi.
La clinique psychosomatique pose la question du destin des messages dans l’appareil psychique et des entraves au travail psychique car elle rend compte des ratages de la sublimation et de la dynamique traduction – symbolisation. La pensée opératoire serait une forme de pensée qui ne se traduit pas.
La place du mytho-symbolique se situe donc du côté de la traduction et de la liaison de l’excitation. L’aide à la traduction suppose une médiation entre mytho-symbolique et l’individu. La notion de code caractérise le mytho-symbolique. Le mythe est une forme sans laquelle le code, la règle sociale, ne peut s’actualiser ni se transmettre. D’ailleurs, l’influence du contexte socio-économique, notamment précaire, retentit sur la traduction par le biais d’une identité défaillante entrainant un repli sur la pureté fantasmée des origines.
Dans certains cas cependant le mytho-symbolique n’est pas au service de la traduction. C’est le cas de l’imaginaire social responsable d’un appauvrissement de la pensée par le biais de la capture imaginaire.
La traduction de l’énigme peut être aussi étendue à la traduction des langues et plus essentiellement de l’œuvre de Freud en français ; tâche pour laquelle Laplanche fut directeur scientifique.
Au total : L’aide à la traduction va à la rencontre de l’effort à penser. C’est l’apprésentation sous le nom du mytho-symbolique qui permet la traduction – symbolisation et qui relève de la culture.
Rénate Eiber (décembre 2019)