Au-delà de la névrose, vers une troisième topique. Dunod, Psychismes, 224 pages, ISBN : 978 2 100598 68 7.
Ce livre de Bernard Brusset propose au lecteur une compréhension par la psychanalyse contemporaine des organisations psychiques non-névrotiques et du travail psychanalytique avec ces personnes.
C’est un livre très bien documenté et la diversité notamment des auteurs français et anglais est mise en perspective.
Suivant la démarche freudienne, d’abord il y a la clinique. Le cas choisi, bénéficiant d’une double prise en charge par un psychiatre et par un psychanalyste, montre qu’on peut souffrir d’un « excès de sens ».
Et voilà, l’auteur introduit son propos par une mise en garde contre les dérives psychologiques des conceptions contemporaines souvent prises au piège par une approche réparatrice. L’écoute sémantique, facilitatrice de vécus subjectifs n’est pas suffisante, encore faut-il une « écoute métapsychologique »
Un modèle simplificateur des relations précoces mère-enfant défaillantes n’explique pas à lui seul « les opérateurs psychiques en cause ». Pour cela, l’auteur examine les défenses primaires et leurs différentes modalités. Ainsi tout un chapitre est consacré aux « quatre types de clivage ».
Cette écoute minutieuse permet de décrire différentes organisations non-névrotiques. L’hypochondrie et les somatisations ont chacune leur chapitre.
Bernard Brusset nous rappelle que dans l’œuvre de Freud, c’est la rencontre de celui-ci avec la psychose qui ouvre le passage de la première topique à l’élaboration de la deuxième topique. Celle-ci met au premier plan le conflit entre le moi et la réalité.
Ainsi, la relation d’objet, déjà interrogée par Freud est au centre des théories de nombreux post-freudiens.
L’objet naît par la haine, par la destructivité. Les mécanismes archaïques se mettent en place en réaction à cette insupportable haine de l’objet.
Comme dans la démarche psychanalytique classique, ce sont les mécanismes de défense qui doivent être analysés. Le travail porte sur la reconnaissance de la haine et de la culpabilité. Ainsi un espace de pensée peut se créer en lien avec l’histoire de la sexualité infantile.
Le transfert et le contre-transfert deviennent un vecteur de compréhension. Avant la représentation véritable des conflits, ce sont souvent les associations de l’analyste qui permettent une première élaboration des conflits et celui-ci peut se découvrir à la place de l’enfant passif.
L’ensemble de ce travail clinique et théorique conduit en toute logique à la question d’une troisième topique. Celle-ci serait l’aboutissement de la métapsychologie du lien lui-même et de l’interpsychique.
La cohérence du travail de Bernard Brusset mérite une attention particulière. Il ouvre des perspectives nouvelles et pourrait enrichir bien des séminaires.
17.03.2015