Pirlot Gérard, André Green : Dialogues et cadre psychanalytiques, Paris, PUF, 2015, ISBN 978-2-13-063348-8, 344 p.
L’auteur montre comment la pensée d’André Green a pu émerger à partir des dialogues qu’il a eus non seulement avec des psychanalystes mais aussi avec des grands penseurs d’autres disciplines et bien sûr avec ses patients.
Parmi les psychanalystes contemporains qui l’ont influencé, c’est tout d’abord Lacan dont il fit connaissance pendant son internat en 1955 et dont la relation connut trois périodes. A côté de Bion, c’est D.W. Winnicott qui influença le plus Green, notamment sur le concept du travail du négatif. Dans le dialogue avec les psychanalystes Green critiqua le « sexual » de Laplanche, la notion de pictogramme de P. Aulagnier, tout en le complexifiant, et montra la sensibilité de l’écriture de D. Anzieu qui ne recule jamais devant les contradictions. André Green a contribué pendant 50 ans au Congrès de Psychanalyse de Langue française de façon très féconde en apportant ses idées et solutions aux critiques faits aux rapporteurs.
Comme Freud, André Green s’intéressa à la création artistique qui n’a cessé d’inspirer sa pensée, plus particulièrement la littérature, mais aussi la peinture, comme par exemple le « Carton de Londres » de L. de Vinci où André Green montre le travail du négatif à l’œuvre. Dans le domaine de l’anthropologie, André Green critiqua le structuralisme de Lévi-Strauss et avança ses propres points de vues. La linguistique le préoccupa durant toute sa carrière et plus spécifiquement la relation de la psychanalyse à la langue, ainsi que le lien entre langue et représentation de l’objet absent. Bien évidemment, André Green a réfléchi sur les questions de la biologie, de la neurobiologie et des neurosciences et leur rapport à la psychanalyse.
La théorisation du travail psychanalytique avec les structures non névrotiques est d’un intérêt notable, dont le but est l’accès à la représentation, et qui se base sur la seconde topique. André Green montre chez ces patients une pulsionnalisation des défenses du moi et la nécessité de repenser le cadre.
Au total, cet ouvrage facilite non seulement l’accès aux concepts d’André Green mais aussi, par la bibliographie complète qu’il comporte, à tout son œuvre.
Rénate Eiber, mai 2017