Ce livre rassemble les Actes d’un colloque de juillet 2005 organisé par la Société européenne pour la psychanalyse de l’Enfant et de l’Adolescent (SEPEA), en partenariat avec la revue In press, tenu à l’occasion de la parution en français de deux ouvrages de Bion : les Cogitations et les Séminaires italiens. Bion à Rome.
Dans son propos liminaire, D. Widlöcher met l’accent sur la pensée transversale de Bion, qui est ensuite présentée selon trois axes : le travail clinique, la théorie psychanalytique, l’activité de pensée (et la créativité).
Thierry Bokanowski rapporte les expériences liés à la pratique analytique de Bion, relatées dans les Cogitations et l’ensemble de ses écrits, tandis qu’Antonino Ferro développe l’importance, pour Bion, de la pensée onirique de la veille, marquée par le jeu entre identifications projectives et rêveries, les modulations de l’activité interprétative qui impliquent le rôle de l’appareil psychique de l’analyste. Monica Horovitz souligne l’impact du transfert soumis à l’exigence de vérité : face à l’angoisse qui peut survenir devant les bouleversements émotionnels majeurs suscités par l’évolution d’une cure, il importe que l’analyste ne se replie pas sur sa technique – notamment sur la « neutralité » – pour s’immobiliser émotionnellement et verbalement, mais qu’il reste ouvert à l’infini de l’espace psychique. Jacques Dufour propose une analyse du contre-transfert pour que redevienne signifiante la parole de l’analyste devant l’angoisse sans nom de certains patients.
A propos de la théorie analytique, Jean-Michel Quinodoz aborde les apports originaux de Bion au concept d’identification projective. François Duparc rapproche la conception bionienne des hypothèses de base dans les petits groupes des fantasmes originaires freudiens, et montre l’emprise des idéologies de groupe qui peuvent se substituer à l’inconscient individuel.
Une étude d’Annie Anzieu tente de rendre compte des transformations réciproques de Samuel Beckett et de Bion lors des deux ans d’analyse du premier par le jeune Bion, montrant la proximité entre certains propos des Cogitations, et le roman de Beckett L’Innommable. Claudio Neri reprend la théorisation des « pensées sans penseur », en attente d’être pensée. C’est justement aux fluctuations de la capacité de penser dans le champ de la cure analytique que s’attache Florence Guignard, selon un modèle du fonctionnement psychique qui associe éléments névrotiques et éléments psychotiques, permettant de rendre compte de pathologies de la capacité de penser (pensée aux limites, pensée psychotique, mentalité de groupe).
Très clairs et synthétiques, ces Actes qui se terminent par une bibliographie bienvenue représentent une excellente introduction à la pensée de Bion.