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L’influence de Maurice Bouvet sur la psychanalyse et sa disparition précoce ont amené la Société psychanalytique de Paris, sous l’instigation de Pierre Marty et Michel Fain, à créer en 1963 le Prix Maurice Bouvet destiné soit à récompenser un jeune psychanalyste francophone pour un article clinique publié dans l’année, soit pour célébrer l’œuvre d’un psychanalyste.
Le prix Maurice Bouvet et son histoire
« Le prix Maurice Bouvet a 50 ans »*
par Emmanuelle Chervet
Maurice Bouvet (1911-1960), psychiatre dès 1936, devint psychanalyste à partir de 1946. Il fit partie du noyau de psychanalystes qui instaura la reprise des activités de la SPP et du congrès des psychanalystes de langues romanes après la seconde guerre mondiale, créa l’Institut de psychanalyse pour la formation des analystes et le centre de consultations gratuites pour la diffusion de la psychanalyse.
Analysé par G. Parcheminey sur le mode de l’analyse didactique qui avait cours alors, il devint membre de la SPP à partir de 1946, puis membre titulaire en 1948 et président de la SPP en 1956. Ses écrits sur la relation d’objet, le transfert, la névrose obsessionnelle, ont rapidement fait autorité comme une pensée originale, rigoureuse, équilibrée entre la recherche théorique et une technique inspirée. Il fut l’analyste de nombreux psychanalystes de la société. Il souffrait d’une maladie hypertensive grave qui se décompensa à la veille du congrès des langues romanes de 1960 où il devait présenter un rapport sur « Dépersonnalisation et relation d’objet ». Il ne put y assister et mourut dans les semaines qui suivirent le 5 mai 1960.
Maurice Bouvet est mort jeune, sans enfants, à un moment où son enseignement oral était une référence pour de nombreux jeunes analystes. Pierre Marty s’est attaché à la transmission de son héritage en organisant avec son héritière en 1962 un prix destiné à encourager et valoriser l’écriture analytique. Michel de M’Uzan, investi dans la transmission de ses écrits dont il a assuré la publication, a participé en offrant les droits de cette publication.
Ce prix est attribué chaque année à un écrit psychanalytique en langue française, qui peut être un texte publié dans l’année mais parfois aussi l’ensemble d’une œuvre. Il comprenait au départ une somme d’argent et une publicité faite à ce travail dans les revues françaises et étrangères spécialisées. Il a été animé jusqu’en 1992 par Pierre Marty, administrateur du prix au sein d’un jury de 7 membres, avec Michel Fain, Henri Sauguet, Pierre Luquet, Catherine Parat, Francis Pasche, Michel de M’Uzan, auxquels s’ajoutaient le président de la SPP, le directeur de l’Institut, et le directeur de la Revue française de Psychanalyse.
En 1992, Pierre Marty s’est retiré ainsi que Francis Pasche, Henri Sauguet, Catherine Parat. Ils ont été remplacés par Jean Cournut, Catherine Couvreur, Gilbert Diatkine et Michel Ody.
D’autres modifications ont eu lieu ensuite. A chaque départ d’un membre, un nouveau membre est élu par le jury parmi les lauréats du prix. Le jury actuel est composé de M. Aisenstein, J-L. Baldacci, E. Chervet, P. Denis, G. Diatkine, M. de M’Uzan, M. Ody, auxquels s’ajoutent les trois membres ex officio.
Actuellement, le capital du prix est épuisé, il a cependant été jugé intéressant de poursuivre l’attribution de cette distinction très reconnue dans le monde psychanalytique français, en actualisant et en développant quelque peu la publicité donnée aux textes primés [1]. La Revue française de Psychanalysenous a donné l’occasion de marquer le cinquantième anniversaire du prix par un dossier dans son volume sur la dépersonnalisation, entité qui reste liée à la pensée de M. Bouvet.
Ce dossier (accessible sur le site cairn) vous permettra en particulier de prendre connaissance de la liste des travaux élus chaque année depuis 1963, qui tracent une histoire de la pensée psychanalytique française, partielle certes, mais significative dans son esprit et du témoignage de Michel de M’Uzan, qui reste dans le jury le représentant de l’équipe initiale, ainsi que son texte sur le style de l’écriture de M. Bouvet.
Emmanuelle Chervet
Secrétaire du prix Maurice Bouvet.
* Ce texte a paru, sous une forme légèrement différente, dans le numéro 4/2013 de la Revue française de psychanalyse.
[1] Il n’est pas indifférent cependant que le prix puisse se traduire par une récompense matérielle. Celle-ci pourrait être rétablie si l’opportunité se présentait d’une nouvelle dotation financière.
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