1° Une question d’actualité qui a de multiples entrées et toute une histoire :
Au sens descriptif, l’empathie comme « expérience de se mettre à la place de l’autre sans cesser d’être soi », fait partie de toute relation humaine. A ce titre, elle est un concept nomade au carrefour des sciences et de la philosophie, du Romantisme allemand à la phénoménologie existentielle. Les recherches sur l’autisme, l’intersubjectivité en psychanalyse et la découverte des neurones-miroir lui ont donné une grande actualité. Il faut distinguer d’emblée :
a - la résonance motrice non intentionnelle, ici et maintenant, telle que l’objective l’imagerie cérébrale fonctionnelle : les neurones-miroir, l’empathie neurobiologique et la neurophilosophie de l’esprit (P. Buser, M. Botbol et coll.), et, aussi, la neuro-éthologie : l’empathie chez l’animal. Mais, du point de vue des circuits neuronaux et des neuromédiateurs, il y a plusieurs sortes d’empathie.
b - la psychologie cognitive : les fonctions étudiées par les neurosciences sociales (théorie de l’esprit, empathie, émotions complexes) alimentent le débat sur le défaut de « théorie de l’esprit » chez les enfants autistes…et l’actualité de la « Psychologie positive » (titre d’une récente revue) dans une référence prétendument neurobiologique et en rapport avec toute une évolution culturelle et idéologique en opposition franche avec l’influence de la psychanalyse, notamment au sujet de l’éducation des enfants.
c - le lien social (S.Tisseron, 2013, 2016), le groupe et la communauté : les « représentations partagées » en psychologie sociale. C’est aussi la tradition humaniste et religieuse, l’idéalisme et l’utopie dans la culture, le cercle de la fraternité, l’amour du prochain, par exemple : Matthieu Ricard : « Plaidoyer pour l’altruisme » (Nil, 2013). Sur ce plan apparaît bien l’ambiguïté de l’empathie : la compassion pour ceux qui nous ressemblent, ici et maintenant, peut aller de pair ensuite avec le rejet des autres et la xénophobie (Cf. Contre l’empathie, P. Bloom, 2014). Les psychiatres du XIXe siècle ont décrit « l’altruisme pathologique » bien avant que les psychanalystes ne conçoivent les bons sentiments comme défense, comme formations réactionnelles, les divers phénomènes de projection et le clivage manichéen du Bien et du Mal, du Bon et du Mauvais : la compassion pour les siens et la haine des autres.
d - l’adoption intentionnelle du point de vue d’autrui, par décentrement de son propre point de vue : « le passage d’un référentiel égocentré à un référentiel allocentré » (J. Decety). Point de vue qui recoupe la philosophie de l’intersubjectivité comme point de départ d’une intelligence de l’empathie (Husserl), le mit sein, « l’être avec » selon Heidegger (J. Hochmann en a rendu compte en 2014 dans son livre sur l’histoire de l’empathie), Binswanger, la phénoménologie existentielle. P. Decourt écrit : « Le fondement de l’empathie, de l’« être avec » passe par une posture interne et physique spécifiques permettant « l‘accueil » de l‘autre, dont l‘écoute ontologique est la manifestation première. Elle est le fruit d’une disponibilité interne bien résumée par la formulation heideggérienne lorsqu’il parle de « sollicitude devançante ou anticipatrice ». Implicitement, il y a dans ce positionnement un engagement du corps, dont le modèle serait le corps maternel, les bras de la mère, bras tendus vers l’enfant dont elle a perçu l‘attente. Cela n‘est pas sans évoquer Margaret Little soulignant l‘aptitude de son analyste à anticiper les besoins de ses patients. Ce penchant, cette posture, cette mise à la disposition de l‘autre se nourrit de la mise en jeu de l‘émergence de mouvements inconscients complexes dont la sensorialité mais aussi l‘intuition sont les acteurs, qui, pour paraphraser François Jullien, sont comme le vent, invisibles, mais dont on perçoit les effets… ».
Ainsi sont introduits les grands paramètres de la question : le sensoriel et l’affect, l’intuition, qui trouvent éloquente illustration dans les relations mère-enfant, notamment dans la référence fondatrice à Winnicott avec la « préoccupation maternelle primaire » et « la capacité d’entrer en contact avec le besoin » et la « capacité de sollicitude ».
2° - Comment définir l’empathie ?
Le dénominateur commun des considérations sur l’empathie est le fait de se mettre à la place de l’autre, de ses vécus, de ses émotions et de ses pensées, sans cesser d’être soi et, peut-on ajouter, sans qu’il cesse d’être lui-même, et c’est aussi un mode de connaissance. S. Tisseron écrit : « Il est en effet admis par la grande majorité des chercheurs que l'empathie a deux composantes, la première affective, qui apparaît vers l'âge de un an, et l'autre cognitive, qui apparaît vers quatre ans et demi. L'empathie affective est un système intuitif au fonctionnement rapide et automatique qui apparaît dès la première année de la vie et qui permet de se concentrer sur l'émotion d'autrui au point de l'éprouver soi-même sans se confondre avec lui (là est la question ?). Il s'agit donc d'une forme de résonance émotionnelle. Au contraire, l'empathie cognitive est un système lent, délibératif et conscient dans lequel il ne s'agit plus de ressentir les émotions d'autrui, comme dans le stade précédent, mais de comprendre son point de vue en prenant en compte ses différences. Mais ces deux composantes ne suffisent pas à créer l'empathie complète. Ce qui est essentiel, c'est la capacité de les articuler l'une à l'autre, de passer sans cesse de l'une à l'autre et de tempérer les dangers de l'une par les vertus de l’autre. » Cette "compréhension empathique" nécessite d'intégrer un grand nombre d'informations, comme le caractère de l'autre, ses conditions de vie, ses particularités culturelles. Elle trouve un certain achèvement vers l’âge de 10 ans dans ce qui est nommée « empathie mature » ou compassion. En ce sens, on peut parler des empathies au pluriel.
La question a priori qu’ignorent nécessairement les procédures d’objectivation scientifique est pour nous décisive : l’empathie dans quel contexte, dans quel cadre et avec quel but ? La question se pose quand il s‘agit de la place de la subjectivité en médecine et en psychiatrie (Cf. Le colloque de Cerisy : M. Botbol, 2014). Alors qu’elle implique d’ordinaire une certaine réciprocité, elle revêt un sens particulier dans la clinique et dans la relation de soin. Elle est asymétrique et ordonnée à sa finalité investigatrice et thérapeutique, mais, dès lors qu’il s’agit du malade et pas seulement de la maladie, force est de prendre en compte la subjectivité du patient que la médecine tend à ignorer et que la psychanalyse se donne comme objet. Quand la relation est centrale dans une pratique thérapeutique, l’empathie est indispensable, mais elle demande à être définie au-delà de son évidence immédiate.
En première approximation, la valorisation de l’empathie se fait par l’accent mis sur le sensible plus que l’intelligible, l’émotion plus que l’objectivation, l’affect plus que la représentation. Elle a une grande proximité sémantique avec la sympathie (laquelle implique l’adhésion), la compassion, le tact et le contact, mais elle définit un mode de « relation de base », de connaissance et de compréhension psychologique du patient par le clinicien. Il se décentre de lui-même pour envisager l’expérience subjective de l’autre comme alter ego : ses affects, ses désirs, ses croyances, ses projets, ses rapports avec lui-même et avec son histoire. La comparaison avec ce qu’il en est de lui-même est pour le clinicien, implicitement ou non, moyen de connaissance : on parle, dans la durée, de processus empathique à la mesure des investissements qui le déterminent. Balint parlait de la relation médecin-malade comme « compagnie d’investissements mutuels » et, selon P. Marty (1980) « La fonction médicale repose en grande partie sur la disponibilité, l’intuition, l’attention, la vigilance du médecin, sur son adaptation sans cesse renouvelée à l’état du malade. Elle évoque par moments la fonction maternelle. L’équilibre affectif du médecin demeure primordial dans l’exercice de sa fonction. » (p.135).
3° - En psychanalyse :
Les traductions diverses de Einfülhung dans l’œuvre de Freud ont fait sous-estimer les références qu’il y fait. L’empathie est décrite comme mode de connaissance à propos du comique dans le mot d’esprit (1905). Inspiré par Lipps (dans le domaine esthétique-esthésique), l’empathie est définie comme l’action de « Se mettre à l’intérieur de quelqu’un, de quelque chose » (Cf. F. Coblence, 2005). Distinguée de la sympathie en tant que mode de connaissance, elle induit une activité consciente et préconsciente de comparaison entre soi et l’autre, ce qui le rend familier et aisément compréhensible et, par contraste, ce qui surprend, alerte, interroge et peut susciter le rire. C’est dans la recherche des raisons du plaisir comique comme décharge d’énergie, que Freud en vient à mettre en évidence le contraste quantitatif entre la dépense d’énergie qui serait la nôtre en imitant l’autre, en s’imaginant à sa place, et ce qu’il en est pour lui. D’une manière qui ne peut qu’évoquer l’empathie neurobiologique des neurones-miroir, Freud met l’imitation au principe de l’empathie : quand on perçoit le geste chez l’autre, « le moyen le plus sûr d’accéder à sa compréhension va être… de l’accomplir en l’imitant » …sans que cette imitation soit effectuée. Il s’agit d’une forme d’identification imaginaire à l’autre dans ses actions et dans ce qu’il exprime de ses pensées. Freud introduit le point de vue économique à partir du processus d’imitation et de comparaison entre soi et l’autre (de ce fait bien différenciés), de sorte que l’on peut en déduire que, dans la relation clinique, la dépense d’empathie pour le praticien sera d’autant plus grande que le patient sera différent de lui, et, pour le psychanalyste, d’autant plus grande que le fonctionnement psychique du patient sera différent du sien – et, par extension, différent de celui de la névrose. Au sujet de l’Homme aux loups, Freud a écrit : « Des particularités personnelles, un caractère national étranger au nôtre rendaient l’empathie malaisée. »
En 1912, dans « Conseils au médecin dans le traitement psychanalytique », Freud se réfère à l’empathie comme patience requise pour éviter les interprétations prématurées, comme condition préalable de l’analyse, mais c’est surtout en comparaison implicite avec l’identification dans « Psychologie des masses et analyse du moi » (1921), que Freud précise sa conception de l’empathie : « Partant de l’identification, une voie mène, par l’imitation, à l’empathie, c’est-à-dire à la compréhension du mécanisme qui nous rend possible toute prise de position à l’égard d’une autre vie d’âme. Même dans les manifestations d’une identification existante, il y a encore beaucoup à élucider. Elle a entre autres comme conséquence qu’on restreint l’agression contre la personne avec laquelle on s’est identifié, qu’on la ménage et qu’on lui apporte son aide. » (p. 47, en note). Il est intéressant de noter que cette idée est reprise en 1922 (« De quelques mécanismes communs… ») à propos du dépassement de la rivalité fraternelle : il décrit la mutation par laquelle les rivaux deviennent objets d’amour comme l’inverse de la paranoïa : « Ici comme là, sont d’abord présentes des motions jalouses et hostiles qui ne peuvent parvenir à la satisfaction, et les sentiments d’identification, aussi bien tendres que sociaux, apparaissent comme formations réactionnelles contre les impulsions d’agression refoulée. » (p. 97). L’empathie peut donc avoir le statut métapsychologique de formation réactionnelle et de résistance dans la cure. Ainsi, une trop bonne relation empêche le transfert et, surtout, le contre-transfert négatif ou, du moins, leur analyse (Cf. Freud et Ferenczi). Le défaut d’empathie comme empathie négative, comme indifférence, résulte d’un mouvement contre-transférentiel négatif, éventuellement induit par tel ou tel aspect du matériel ou du transfert.
Le plan conscient et préconscient, qui est celui de l’empathie, ne peut être considéré comme clivé d’avec l’inconscient pulsionnel refoulé. L’empathie est à comprendre dans ses rapports avec l’ambivalence, mais aussi avec l’identification. Le Vocabulaire de la psychanalyse de Laplanche et Pontalis comporte la notion d’empathie, non pas comme entrée mais avec les mots sympathie et imitation, à propos de l’identification psychologique : donc une notion psychologique et non métapsychologique.
Dans le texte de 1921, Freud poursuit : « L’étude de telles identifications, comme celles par exemple qui est à la base de la communauté de clan, a fourni à Robertson Smith le résultat surprenant qu’elles reposent sur la reconnaissance d’une substance commune… et que de ce fait elles peuvent également être crées par un repas pris en commun. Ce trait permet de connecter une telle identification à l’histoire originaire de la famille humaine construite par moi dans « Totem et tabou » (p. 47). Une perspective qui ouvre la question de la place de l’empathie dans le lien social, dans les relations fraternelles, dans les groupes. Mais aussi celle de l’érotisme, de l’ambivalence et celle de la projection (des identifications projectives) toujours susceptibles de priver l’empathie de sérénité et d’objectivité en tant que processus de connaissance de l’alter ego.
Ferenczi, grande référence de la psychanalyse contemporaine, ajoutera le tact : « se mettre au diapason de l’autre, sentir avec … ». Freud le met en garde contre « l’analyse mutuelle » mais aussi contre la mystique du tact et contre le pathos, contre l’excès d’implication personnelle. Les positions pourtant nuancées de Ferenczi sur « l’élasticité de la technique » (1928) seront ensuite utilisées par divers courants de la psychanalyse (notamment aux Etats-Unis). Elles privilégieront la signification de partage émotionnel et s’enrichiront de la référence aux relations interpersonnelles mère-enfant dans le grand développement qu’elles ont connu après Freud (« l’accordage affectif » selon D. Stern). Dans le cadre de l’Ego Psychology, c’est, d’abord, une disposition vis-à-vis du patient liée à la zone du « moi autonome » libre de tout conflit (Hartmann, 1950). La notion d’empathie, en tant que processus de connaissance, suppose la neutralité dans la proximité affectée, l’inverse de l’indifférence. Comme « connaissance affective », elle a été étudiée par R. Greenson (1961) dans ses rapports avec « l’alliance de travail », « le schème de travail », le « Soi professionnel » et le transfert : il a décrit une clinique des troubles de l’empathie. Et, plus récemment, celle-ci a été promue comme tentative de réponse au pluralisme des théories et des pratiques psychanalytiques dans le but de définir un fondement clinique commun (« Common ground », Wallerstein, 1990). Une valorisation de l’affect supposé ne pas mentir qui encourt les mêmes critiques que les dérives de la « psychanalyse dite relationnelle », dont la disparition de la prise en compte de la sexualité (Cf. la critique systématique et radicale du psychanalyste « post-moderne » par L. Kahn, 2012 et 2014).
La promotion de l’empathie se fait moins contre l’abus du pouvoir et de l’autorité de l’interprétation brutale, que contre l’excès de réserve, de distance et de silence de l’analyste. Elle peut être la contrepartie dans la pratique de l’hyperintellectualisation de la théorie (la topologie lacanienne). Elle valorise les qualités humaines, la bienveillance, l’affect partagé (C. Parat, 1995) : outre la réceptivité de l’écoute, la générosité, la chaleur affective.
Ailleurs, la relation empathique réciproque est promue comme nouvelle forme de « l’expérience émotionnelle correctrice » (Alexander et French, 1945, O. Renik, 1993), autrement dit l’expérience affective réparatrice, comme moyen et comme but de la psychanalyse. Dans un compte-rendu détaillé de sa « psychanalyse empathique », en face à face, avec D. Anzieu, S. Tisseron (2013) a conclu qu’elle avait réparé les effets négatifs d’une première analyse avec un analyste silencieux et permis de faire face aux traumatismes précoces de son histoire. Il note cependant que l’excès de réactivité émotionnelle de l’analyste peut entraver la pensée associative de l’analysant, et, bien sûr l’expression du transfert négatif.
La référence à l’empathie trouve aisément sa place dans la centration sur les interactions, les échanges en termes d’actions et de réactions, et a fortiori dans la valorisation de l’affect et de l’intersubjectivité en opposition à l’intrapsychique, aux représentations comme représentations pulsionnelles. D’où la centration sur la personne et l’interpersonnel (M. Gill, R. Schafer), d’où les avatars de l’empathie ainsi conçue de « l’analyse mutuelle » ferenczienne à « l’ouverture personnelle » selon Renik. Dans cette même direction de la psychanalyse dite « relationnelle », se sont multipliées les conclusions hâtives tirées du modèle dialogique, du « couple analytique », de la conversation, du jeu, de la symétrisation de la relation. A la limite, le but de la psychanalyse n’est plus que l’enrichissement de l’activité de pensée, but et non plus moyen, donc le renoncement à la visée d’élucidation, de quête de vérité et de transformation psychique. Cette orientation de pensée va dans le même sens que les critiques de la métapsychologie et celui de la réduction de la psychanalyse à la psychothérapie empirique (comme à celle de Rogers fondée sur l’empathie et la non-directivité).
4° Peut-on concevoir une métapsychologie de l’empathie ?
H. Segal, explicitant le point de vue kleinien, a écrit en 1964 : « L’identification projective… est la toute première forme de l’empathie et c’est sur l’identification projective aussi bien que sur l’identification introjective qu’on fonde la capacité de « se mettre dans la peau d’autrui ». L’identification projective fournit aussi la base du modèle le plus ancien de formation de symbole. » Mais, l’identification projective est inconsciente et, en 2004 (quarante ans plus tard), elle a décrit la double relation au patient, distinguant du contre-transfert, l’empathie, la compréhension psychologique comme fonction contenante en référence à Bion. On sait comment, face à l’extension très large de la notion d’identification projective, Bion l’a redéfinie comme parasitique, symbiotique ou commensale. Contrairement à la définition kleinienne, elle est alors créatrice de liens (ce que j’appelle « l’identification projective de seconde génération », Brusset, 2013). La projection, comme imputation inconsciente à l’autre de ce qui est méconnu en soi, est évidemment le principal obstacle à l’empathie, à l’attention fine à la relation à l’autre. Elle exclut l’espace d’introjection aussi bien que « l’écran alpha ».
Winnicott, avec la « pré-occupation maternelle primaire », le « holding », la régression dans la cure et la transitionnalité dans l’espace intermédiaire, a introduit un enrichissement considérable de la psychanalyse notamment au sujet de la genèse et de la différenciation du Self au sein de la relation mère-enfant précoce. C’est la source de diverses conceptions de l’empathie émotionnelle bien qu’elle n’en soit qu’un aspect. On sait aussi l’importance donnée par Bion à l’expérience émotionnelle. A partir de ces modèles théoriques, empathie, tendresse et cadre analytique sont liés (D. Cupa, 2007). Mais peut-on distinguer une empathie de type maternel et une empathie de type paternel ? Les capacités identificatoires de l’analyste liées à l’élaboration de sa bisexualité psychique sont une réponse, mais peut-elle suffire ?
Pour Kohut (1971), souvent constitué en référence (notamment par S. Bolognini), la pathologie narcissique imputable à un défaut d’empathie maternelle peut être réparée dans la cure par l’empathie de l’analyste. L’empathie est alors vue comme une méthode et un but. La métapsychologie comme psychologie du Self permet de faire place à l’empathie intersubjective dans la théorie.
Dans la cure, l’empathie exclut l’indifférence mais pas nécessairement la neutralité. Elle qualifie la relation de base avec le patient (« l’alliance de travail » selon Greenson), au service de l’établissement et du maintien d’une relation vivante, mutuellement investie. Elle sous-tend les attitudes et les interventions de l’analyste au service de la construction du lien thérapeutique, de la communication, de la compréhension psychologique, de la réceptivité aux affects et à la pensée de l’autre. Comme processus cognitif centré sur l’autre comme alter ego, elle requiert un décentrement de soi, une ouverture sur l’autre et sur l’inconnu de l’autre. Ce processus ne pouvant pas être limité au niveau conscient, comporte l’activité psychique préconsciente, elle-même en rapport avec l’inconscient : celui du patient et celui de l’analyste.
Dans les théorisations on peut distinguer deux grandes directions :
- la compréhension psychologique globale du patient dans sa situation et dans sa biographie, sa personnalité à partir de la relation interpersonnelle. Cette conception trouve fondement dans la notion d’identification et dans la référence aux relations mère-enfant. Dans cette optique, dont la Psychologie du Self, l’empathie comme technique vise la consolation, la réparation des vécus traumatiques, le traitement des pathologies narcissiques : affects et pensées partagées sont alors valorisés.
- l’activité de penser ensemble : la pensée associative de l’analysant et celle de l’analyste. Comme l’a écrit Neyraut (1974), « …tout ce qui se passe dans la séance analytique ne relève pas nécessairement du transfert… D’une certaine façon, l’analyste est payé pour suspendre le cours de ses pensées et se soumettre à des associations qui n’émanent pas de lui. … Le chemin de la pensée analytique suit des voies parallèles, ou convergentes ou divergentes par rapport au discours qui lui est tenu…(il) se double d’un effet de concordance ou de parallélisme associatif. …effets d’accord ou de désaccord des flux associatifs » (p. 40-41 et 165). Point de vue que Freud envisageait aussi du point de vue économique comme nous l’avons vu.
Pour d’autres auteurs, la centration est faite sur la communication consciente et préconsciente dans un double processus associatif conçu autrement. « L’immersion empathique », la résonance, ou, mieux, l’attention partagée (L. Danon-Boileau, 2014), la « sensibilité au contact interne » (S. Bolognini, 2002), sont ordonnées à la compréhension du patient par l’analyste dans un régime de partage distingué de la relation de transfert. Dès 1995 et en 2004, D. Widlöcher a distingué l’empathie dans la « métapsychologie de l’écoute », de la métapsychologie des transformations psychiques, donc de la visée mutative de l’interprétation. Selon lui, l’observation participante, étudiée en psychologie cognitive et dans la pragmatique de la communication, peut contribuer à fonder une théorie clinique de l’empathie comme « construction imaginaire de l’expérience subjective de l’autre », comme partage du sens dans l’enrichissement des connexions associatives : la « co-pensée ». C’est dans ce cadre que les phénomènes de transfert et de contre-transfert se manifestent comme avatars, comme ruptures, sollicitant l’interprétation. La co-pensée serait de l’ordre de la psychologie psychanalytique ouverte à l’interdisciplinarité, contrairement à la métapsychologie comme psychologie de l’inconscient (la « métapsychologie du sens »). Elle requiert une forme d’identification imaginaire permettant des inférences affectives et logiques ; non pas l’identification comme processus inconscient (qui n’en n’est pas moins impliquée dans la cure), mais identification imaginaire, partielle, localisée, transitoire. Elle rend possible, outre les déductions logiques, l’émergence de l’intuition comme effet de l’activité préconsciente et l’écoute psychanalytique dans sa visée interprétative. L’empathie serait en rapport avec des affects latents (1999), notion récusée non sans raison par L. Kahn, 2015. Notion qui est liée à la récusation par cet auteur du modèle pulsionnel au profit des schèmes d’action.
Pour M. de M’Uzan (1974) l’empathie trouve place dans un processus comportant l’identification de l’analyste au fonctionnement psychique de l’analysé dans une mise en cause des limites dedans-dehors (le spectre de l’identité et la « chimère »). Le « travail en double », selon C. et S. Botella, est distinct du contre-transfert. La régression formelle dans l’écoute de l’analyste, comme une forme de régrédience, est le moyen d’appréhender les niveaux non directement exprimés chez le patient en deçà de l’ordre de la représentation, notamment les traumas narcissiques par défaut. L’empathie se situe alors à un niveau bien différent de l’activité de penser secondaire.
D’une manière différente, C. Bollas a bien montré la nécessité de distinguer le plan de la pensée associative de celui du transfert-contre-transfert. Selon lui, la relation de transfert en tant qu’elle peut donner lieu à interprétation trop systématique peut entraver la fécondité de la pensée associative qu’encourage la communication empathique. Inversement, l’empathie en tant qu’expérience de communication peut entraver l’attention en égal suspens, l’écoute associative de l’analyste qui, par la réserve et la neutralité, est ouverte à la perception de l’hétérogénéité et de la complexité du dire de l’analysant dans la distinction des contenus manifestes et contenus latents. Elle peut induire diverses formes de renforcement des résistances ou de collusion défensive. P. Decourt écrit : « Autre écueil, ces moments de trouble où l‘empathie se nourrit du croisement d’expériences traumatiques communes aux deux acteurs. Le risque symbiotique déborde alors largement les frontières de l‘empathie. Cela s‘avère aussi possible lorsque des dispositions structurelles communes exercent un effet de fascination préjudiciable au déroulement du processus. » Kohut avait également critiqué la recherche forcée du contact et « l’invasion empathique ».
Ainsi, S. Bolognini (2002) récuse tout « maternage sur ordonnance », critique « l’empathisme » et défend la définition de l’empathie psychanalytique comme processus qui « demande avant tout, la séparation et la différenciation, l’attention et la capacité de maintenir une pensée théorique opérationnelle. » (p.19). Pour lui, l’empathie comme connaissance est le fruit de l’attention portée par l’analyste à ses propres affects et de l’élaboration de la relation de transfert. Il écrit : « Le contre-transfert peut constituer une source précieuse de connaissance, mais il est trop optimiste de faire l’hypothèse qu’on peut en avoir une utilisation technique immédiate et relativement aisée, en niant le fait qu’il constitue un obstacle et parfois une identification véritablement trompeuse » (p. 116). « L’empathie constitue l’aboutissement harmonieux d’un processus, alors que l’expérience contre-transférentielle est un passage souvent nécessaire, mais insuffisant en soi pour approcher la condition empathique. » (p. 150). L’empathie est bien distincte de l’identification inconsciente. Elle « n’est pas un événement strictement et principalement inconscient, mais elle une situation de liaison entre les différents niveaux topiques dans la relation à une, deux ou plusieurs personnes » (p. 171). Elle est ainsi l’empathie spécifiquement psychanalytique. En 2004, il insiste sur la complexité de l’empathie et son lien avec la créativité du préconscient.
5° En conclusion et pour résumer : Il faut d’abord tenir fermement que, du point de vue épistémologique, l'empathie et la métapsychologie ne se situent pas sur le même plan. Le concept d'empathie est descriptif, phénoménologique, psychologique alors que la métapsychologie fait usage de concepts de second ordre, de constructions théoriques destinées à rendre compte de l'expérience psychanalytique de l’inconscient.
Je propose de distinguer quatre dimensions :
1° L’empathie du psychanalyste, au-delà de la sympathie et de l’antipathie, se confond avec l’éthique de la relation de soin (care et cure) et l’éthique de la disponibilité : donc avec les exigences de la méthode. Une ouverture à l’expérience immédiate qui, à la limite, serait « sans mémoire et sans désir » ? Elle est la disposition a priori, la composante de la « personnalité professionnelle » de l’analyste dans sa fonction. Elle est inhérente au contre-transfert si on donne à celui-ci le sens large de pré-perception préalable à la rencontre analytique. Elle est susceptible d’être mise en cause par celle-ci et par la singularité du transfert. Elle redéfinit la neutralité comme bienveillance. A ce titre, elle est partie constituante du cadre, comme cadre interne de l’analyste, comme fondement de la « relation de base ». Mais c’est aussi, plus précisément, l’attention sensible portée à l’expérience subjective consciente du patient hic et nunc : la prise en compte de sa position de sujet, donc du narcissisme, dans la pratique de l’interprétation, donc l’anticipation de ses effets possibles et l’attention portée à ceux-ci ; donc la conjuration du forçage interprétatif, du double discours, de l’interprétation inopportune ou inutilisable pour l’analysant. Ainsi conçue, elle est une qualité très générale de l’analyste, fonction de sa propre empathie avec lui-même et de sa capacité analytique. Elle est la condition nécessaire mais non suffisante de l’analyse si elle n’est pas associée à l’écoute spécifiquement analytique qui inspire l’interprétation.
2° L’implication affective de l’analyste peut être ordonnée à la consolation, à la réparation, à l’intersubjectivité consciente et préconsciente. C’est ici que se situe le débat qu’elle suscite. Peut-on faire de l’expression de l’empathie une technique dans la visée fondamentale d’une expérience affective partagée dans la relation interpersonnelle ? Sa visée, proprement psychothérapique, se veut réparatrice du traumatique ou ne vise plus que le simple enrichissement de l’activité de penser, de rêver, d’imaginer, ou de se raconter son histoire personnelle…
Valorisée par certains courants de la psychanalyse contemporaine, comme communication empathique, comme « puissance de la douceur » elle peut devenir un enjeu narcissique : A qui se montrera le plus empathique ? Dans les échanges interactifs, elle peut contribuer à la méconnaissance des manifestations de l’inconscient, comme l’évitement du pulsionnel, de la conflictualité intrapsychique, de la régression, du sexuel infantile, et donc de la pratique de l’interprétation. L’expérience affective réparatrice n’est plus dès lors un moyen mais le but thérapeutique actif de la psychanalyse. Il peut en résulter la réduction de l’interpsychique à l’intersubjectivité consciente et préconsciente, la psychanalyse à la psychothérapie (de soutien ou d’accompagnement). En effet, l’empathie est aconflictuelle et elle peut être, comme la compassion et le dévouement, une formation réactionnelle contre la sexualité ou l’agressivité, une collusion défensive qui empêche l’analyse.
3° - La perception empathique que requièrent les interventions de type psychothérapique ou celles que requiert la psychanalyse des organisations non-névrotiques (ou l’actualisation régressive des niveaux de fonctionnement limite), des pathologies traumatiques, des états de détresse et de désespoir ou encore des fonctionnements opératoires en psychosomatique (l’alexithymie). Il faut un riche travail d’élaboration de l’empathie pour que le fonctionnement psychique de l’analyste, dans ses capacités de figuration et de construction, soit mis au service de celui du patient, comme moi auxiliaire, comme fonctionnement psychique de suppléance ou, par régrédience, comme moyen d’accès à l’irreprésentable. Plus généralement, elle n’exclut pas la neutralité, ni la réserve, ni le silence, et trouve expression dans le mode de présence, la manière de dire, le style, dans la communication verbale et extra-verbale et par les attitudes de l’analyste en réponse à celles de l’analysant, mais aussi et surtout dans l’écoute associative de la parole de celui-ci. Elle est le moyen de la discrimination perceptive des similitudes et des différences entre soi et l’autre, comme nous l’avons vu à partir de Freud.
P. Decourt écrit : « Emerge alors la question centrale du contre-transfert qui spécifie la psychanalyse en la différenciant d’autres approches à vertu essentiellement réparatrice des blessures narcissiques non cicatrisées. Pourtant il faut admettre que les choses ne sont pas si simples. N’y a-t-il pas, à un moment ou à un autre dans chaque cure, des passages où l‘empathie et sa dimension réparatrice s‘avèrent indispensables ; cependant la frontière est poreuse entre ce positionnement psychothérapique et le glissement plus ou moins hypnotique dans le champ de la séduction. »
L’empathie caractérise, diversement, la dimension psychothérapique des traitements psychanalytiques dans l’attention portée aux fragilités du fonctionnement psychique, aux défaillances des fonctions du moi, aux possibilités ou non de mettre en question non seulement la résistance et le refoulement, mais des croyances, des illusions, des dénis et des clivages et a fortiori des projections. Dans les fonctionnements psychiques limites, elle conjure les risques de la double angoisse typique, celle de l’abandon et du vide, celle de l’intrusion dépossédante de soi.
4° La question fondamentale est celle des rapports entre empathie, identification et contre-transfert.
L’empathie comporte, dans des proportions et des modalités différentes d’un cas à l’autre, une forme d’identification imaginaire partielle, temporaire, consciente et préconsciente qui est un moyen de compréhension. En ce sens C. Bollas (2011), héritier de Winnicott, parle d’« identification perceptive ». Elle est une attention centrée à la fois sur la personne du patient, sur son activité imaginaire, associative, sur sa réalité psychique et sur la relation avec l’analyste : donc à la fois globale et localisée. La clinique de l’empathie objective ses avatars et ses niveaux, de l’excès au défaut, mais ses variations et ses aléas dépendent des processus inconscients de la relation de transfert qui peuvent la subvertir par leur émergence et par leur pesée. De ce point de vue l’empathie résulte de l’analyse et de l’élaboration du contre-transfert dont celles de l’identification inconsciente de l’analyste à l’analysant. Comme Racker (1953) l’a précisé, elle peut être concordante ou complémentaire (identification à l’objet du patient, à celui ou celle dont il parle). Ainsi, dans la communication en séance, l’empathie, à condition d’être bien ajustée au cas singulier et au bon niveau, rend possible le travail psychanalytique de manière différente selon les registres et les niveaux de fonctionnement psychique du patient et selon ses rapports avec la relation de transfert qu’elle rend possible. Elle prend une grande importance en cas de fonctionnement psychique de type opératoire, alexithymique.
En somme, avant d’être promue par la neurobiologie, la psychologie cognitive et par les tenants de l’intersubjectivité, l’empathie bénéficiait en psychanalyse d’une sorte d’évidence immédiate comme qualité humaine - d’autant plus que, si elle est le fruit de la formation psychanalytique et de l’expérience, elle ne peut être ni enseignée ni apprise. Mais elle était ordonnée à la finalité analytique de rendre conscient l’inconscient et non à une pseudo-psychanalyse sans métapsychologie, c’est-à-dire sans l’inconscient pulsionnel, sans l’interprétation, et à base de bons sentiments ; et, aussi, en tant que perception dans ses rapports avec les représentations. La question est celle de sa place par rapport au contre-transfert lui-même considéré dans ses diverses composantes - qui sont aussi des moments différents dans la cure et d’un patient à l’autre. L’empathie est à la fois la condition affective de la relation de transfert et, par l’analyse et l’élaboration de celle-ci, son fruit comme moyen de connaissance.
Peut-on conclure que la notion d’empathie relève de la psychologie compréhensive plus que de la métapsychologie sauf à revenir à la « zone libre de conflits » du « moi autonome », à se référer à la psychologie du Self, ou encore à la définir comme une dimension du contre-transfert au sens large, qu’il serait opportun de distinguer de celui-ci ? Green a d’abord adhéré à l’élargissement de la notion de contre-transfert introduite en 1974 par Neyraut, mais il l’a ensuite mis en question, préconisant le « démembrement du contre-transfert : « ce que nous avons gagné et perdu avec l’extension contre-transfert » (1997, 2012). Il distingue ainsi de la singularité du transfert du patient et du contre-transfert de l’analyste, la relation anté-analytique qui correspond au contre-transfert au sens large ainsi réduit à la disponibilité empathique du « soi professionnel ». Ainsi l’empathie contribue à interroger la notion trop globale de « relation transféro-contre-transférentielle » qui implique à tort l’idée de symétrie et que Pontalis considérait à juste titre comme typique de la langue de bois psychanalytique.
Comme éthique de la relation de soin, comme composante de la personnalité professionnelle de l'analyste, comme investissement définissant la neutralité en bienveillance, l'empathie de l’analyste est la condition de possibilité de la cure. Par différence et contraste avec l’empathie dans la relation actuelle, les phénomènes de transfert et de contre-transfert sont repérables et analysables. Il faut que l'analysant se sente écouté et compris par l'analyste pour que ce dernier soit en mesure de lui faire entendre et comprendre ce qui vient perturber et surdéterminer la relation : les manifestations de l’inconscient et les résistances corrélatives. Le travail d’empathie permet à l’analyste de trouver les bonnes formulations, celles qui sont susceptibles d’être entendues et utilisées par l’analysant. Un ajustement cas par cas.
Par sa dimension réflexive associée à sa dimension affective (en d’autres termes : cognitive et émotionnelle : formulations qui ouvrent la question des rapports avec le champ neuro-scientifique), elle est au service de la connaissance du patient. A des fins d’intelligibilité, elle prend en compte la résonance en soi des affects conscients et inconscients de l’autre. Normalement associée à la relation de parole, l’empathie est relative, variable et sujette à ruptures par défaut (antipathie, indifférence) - ou par excès (sympathie, passion). Ses variations et sa qualité sont évidemment en rapport avec le transfert et le contre-transfert dont les manifestations peuvent la mettre en question sinon à l’épreuve. Idéalement, l’analyse et l’élaboration du contre-transfert assurent la régulation de l’empathie au service de l’analyse.
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