Chers et chères collègues,
J’ai remarqué, comme certains d’entre vous, que les séances par téléphone m’amènent à parler davantage, probablement une technique anti-stress, anti-traumatique.
Mais aussi un certain paradoxe : le téléphone met à distance, mais le contact à l’oreille rapproche davantage, et le contact fantasmatique de bouche à oreille crée une étrange sensation de toucher.
Je me souviens d’un patient, très défendu sur le divan, que j’avais été amenée à entendre au téléphone, parce qu'une fracture m’imposait une station allongée, ce qu’il avait accepté.
Assez vite au téléphone, il s’est mis à sangloter en évoquant un épisode traumatique de sa vie.
Il a préféré ensuite attendre mon retour en cabinet pour poursuivre son analyse.
Cela m’a énormément interrogée. Je vous le livre
Je vous conseille de voir en replay une émission que j’ai trouvée intéressante sur Michel Foucault
Une citation de Foucault : « ne me demandez pas qui je suis, ni de rester le même, c’est une morale d’état civil »
Et un commentaire à son propos de G. Didi Huberman : L’imagination, celle qui crée des correspondances, des analogies, à la manière de Baudelaire, cela permet de traverser des frontières, et de créer de nouveaux champs du savoir, non standardisés. Et des analogies fécondes sur un impensé, et des pistes inédites. Il est important de se déterritorialiser. Et d'aller vers des "sciences nomades" et non « royales", pour suivre la pensée de Deleuze..
Nous savons que Foucault n’aimait pas la psychanalyse, mais j’ai trouvé que toutes ces idées n’étaient pas étrangères à notre mode de penser, d’écouter et d’interpréter.
Merci de me dire vos commentaires, car notre vie et nos échanges psychiques sont indispensables, face au claustrum physique imposé.
Bien amicalement à toutes et tous
Jacqueline Schaeffer