[restrict]RENCONTRES DE LA SPP — Paris, 1er et 2 juillet 2023
Danielle Kaswin - Bonnefond
Je souhaite la bienvenue à tous les participants et je remercie chaleureusement les intervenants.
Notre thème : « Devenirs de l’actualisation » s’inscrit dans la continuité de nos précédentes rencontres, le sexuel infantile. E. Birot qui en assurait le fil rouge soulignait les deux courants que Freud en avait dégagé : d’un coté la sexualité infantile telle qu’elle s’inscrit dans la psyché du sujet à travers : la trame autoérotique, les théories sexuelles infantiles, la fantasmatique œdipienne et la reconnaissance de la castration, et un second courant, une force opposée, indomptée, témoin de l’inélaborable des traces traumatiques, et qui parfois s’impose dans la dynamique transférentielle
L’actualisation résonne avec les derniers écrits de Freud lorsqu’il traite de la compulsion de répétition (1938).
La problématique clinique de l’actualisation relève de la dynamique processuelle transféro - contretransférentielle en séance. Ce qui est en « reste » sous forme de traces non inscrites, ce qui n’a pas pu s’intégrer dans la vie psychique se réactualise au sein de la situation analytique. Lorsque les premières expériences, non inscrites au cœur du fonctionnement psychique, ne peuvent se révéler sur le mode de la remémoration, elles font retour sous la forme d’une actualisation hallucinatoire : « se répète ce qui ne peut ou n’a pas pu s’intégrer au sein du fonctionnement psychique ». Ce qui n’a pu s’inscrire dans la psyché peut surgir, dans le cours de la cure, lorsque dans la dynamique régressive de la situation analysante les défenses s’abaissent, sous forme hallucinatoire.
C’est ainsi que pour R. Roussillon, l’actualisation implique une intrication des résurgences hallucinatoires aux traces perceptives actuelles du moment processuel dans la situation analytique.
N’est-ce pas cette même problématique que Winnicott aborde lorsqu’il formule que l’évènement traumatique a eu lieu, mais le sujet ne l’a pas encore éprouvé parce qu’il était trop immature. Il écrit : « Cette chose du passé ne s’est pas encore produite parce que le patient n’était pas là pour que cela lui arrive » (W NRP 11, 1975) « L’état d’Hilflosigkeit conséquence de poussées d’excitations débordante n’a pas laissé d’inscription dans la psyché, pas de souvenir conscient ou inconscient, seule une détresse à lui-même inconnu ». Dans la situation analytique, le patient pourra éprouver cette détresse traumatique et mettre en représentation l’impensable. C’est une expérience éprouvante pour les deux protagonistes, une mise à l’épreuve pour l’analyste et pour le patient.
Avant de passer la parole à Laurent Danon-Boileau, je voudrais rappeler que chaque nouvelle instauration d’une situation analytique renvoie l’analyste à sa propre rencontre avec l’analyse (C. Stein).
La mise en place du cadre permet à la fois l’ouverture et la délimitation d’une potentialité interprétative comme l’a tant exploré JL Donnet. Le dispositif est une source d’exacerbation pulsionnelle conflictuelle, force intarissable vers la création de sens et de son appropriation subjective. [/restrict]