[restrict]Guy Lavallée, 1° mai 2020
Chers collègues,
N'aurions-nous pas intérêt à cesser de parler de "trauma", mais de nous référer plutôt à la notion d'"agieren de transfert" et de contre-transfert, dans la conception de Jean-Luc Donnet. Si nous avons intégré profondément un cadre interne, la modification du cadre externe, l'accident de cadre, (et nous sommes devant un accident majeur, mais qui préserve le lien) devient un révélateur potentiellement analysable avec le patient, de ce qui était enfoui dans le cadre (point aveugle commun) et fait alors avancer le travail analytique. Mais toutes les situations ne sont pas aussi heureuses évidemment. Notamment pour les patient en débuts de travail analytique et les analystes en formation qui sont privés du cadre externe avant d'avoir pu des deux côtés intérioriser le cadre, ils peuvent se trouver en grande difficulté.
Personnellement je travaille au téléphone : privé de regard avec les patients de face à face, je suis amené à oublier mon apparence et celle du patient et à écouter plus en profondeurs les lignes de force du discours du patient avec le risque d'avoir des interventions plus "percutantes" sans avoir en retour les informations visuelles sur la réaction du patient. Le téléphone comme l'a fait remarquer Robert Asséo c'est un dispositif de bouche à oreille, donc beaucoup d'intimité, de "conjonction transférentielle" comme le dit Donnet, mais compensée par une fonction tierce, une décorporation : la privation de la vision des corps et leur éloignement dans l'espace.
Du côté des patients que nous recevions dans le dispositif analytique classique avec divan, nous sommes avec le téléphone dans un dispositif divan/fauteuil majoré encore plus privatif, plus frustrant du côté de l'analyste qui ne voit plus rien du patient, la situation analysante est alors plutôt symétrisée (ce qui rapproche d'un travail "en double").
Merci pour ces webinaires[/restrict]