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Elisabeth Lévy - Psychologue depuis 30 ans à la Fondation Vallée
La fondation Vallée est un établissement de pédopsychiatrie publique, fondé à la fin du 19ème siècle. C’est le Professeur Roger Misés, chef de service de cet établissement depuis 1957 et psychanalyste à la SPP qui l’a transformé jusqu’à l’orée du 21ème siècle, par une pensée vive et transformatrice, mettant au centre des 22 unités de l’établissement et les 4 CMP de secteur, les processus de la cure en institution, sur un trépied pédagogique (une école est accueillie au sein de l’hôpital jusque dans le secondaire), éducatif et soin.
Un travail de liaison avec la maternité de niveau 3 du Kremlin Bicêtre et les services de « médecine adolescent » et pédiatrique complètent cette plateforme thérapeutique, ainsi que l’unité d’urgence des adolescents, unique sur le 94 et le centre de diagnostique autisme, agréé par le CRAIF, avec une pensée novatrice organisant le soin avec l’annonce du diagnostic et l’accompagnement vers une orientation thérapeutique adaptée.
Un certain nombre de psychologues et jeunes psychiatres ayant poursuivis leur carrière dans le domaine de la psychanalyse, et à l’intérieur de la SPP, ont pu bénéficier de l’enseignement, lors de leur passage, au sein de l’établissement, qui aujourd’hui encore est rattaché à l’université et qui continue de dispenser des formations aux médecins, psychologues, et soignants.
Les patients sont pris en charge, selon les directives recommandées et avec un attachement tout particulier à l’aspect familiale et relationnel. Ces familles organisées autour de comité de parents, en lien avec les assistants sociaux qui travaillent aux orientations et accompagnement des soins, s’associent à nous pour alerter sur le sort de l’hôpital de la Fondation Vallée et des patients qui y sont soignés.
Le directeur du GHT dont fait partie la Fondation Vallée, profitant de cette période pandémique, où les équipes sur le terrain sont particulièrement sollicitées pour poursuivre des soins de qualité auprès des enfants, adolescents et leurs familles, annonce la fusion de cet hôpital à taille humaine avec un hôpital de psychiatrie générale, dont la dimension écrase, les besoins et objectifs poursuivis par notre établissement (nous ne comptons que de 15% dans l’ensemble de ce regroupement !).Cette direction administrative, loin de respecter un dialogue avec la direction médicale, vient argumenter de nos « difficultés chroniques » - alors que notre budget est à l’équilibre, et affirme que « nos méthodes sont obsolètes » ! Cette fusion s’inscrit dans un contexte de profonde remise en cause de la pédopsychiatrie, même si notre établissement a su intégrer dans ses protocoles de soins, les apports neuro-développementaux, dans un parcours de soins aussi divers que les patients souffrants de pathologie limite et de troubles envahissants du développement, le nécessitent.
Il s’agit, comme cela va être le cas pour l’ensemble des dispositifs soignants d’une perte de moyen et d’autonomie jusque dans le choix de nos interventions auprès des patients : Si la lourdeur du circuit des services généraux s’accentue (pharmacie, véhicules, réparations, achat, …), c’est comme nous le voyons de manière très concrète actuellement : des médiations thérapeutiques impossibles à poursuivre, des chambres de vie détériorées et peu digne de l’accueil de nos jeunes, moins de médecins, une attaque des identités des corporations et donc l’attaque des groupes pluridisciplinaires qui travaillent jusqu’à aujourd’hui dans une intelligence et qui œuvrent pour conserver au centre de nos pratiques les patients et leurs familles.
Il était important, pour l’équipe médico-psychologique de la Fondation Vallée, d’alerter sur ce qui nous arrive, rompant avec des décades d’avancées thérapeutiques, mais aussi d’alerter sur ce qui va se poursuivre, sur l’ensemble des établissements qui prennent en charge ce type de patients.
L’association des parents de notre établissement, s’est mobilisée à nos côté, pour défendre un travail de qualité, d’autant que l’option d’orienter sur le médico-social reste un leurre, sachant qu’à ce jour sur notre « territoire », 967 enfants et adolescents attendent une place dans ces structures !
Ces organisations, de plus en plus vastes, ne laissent plus de place à la possibilité de créer des groupes où chacun peut se « reconnaître », elles attaquent les processus de pensée et les identités de chacun.
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