Préface de Paul Denis.
La passion de comprendre l’énigme des organisations dites psychotiques, autistiques ou schizophréniques, la passion de faire comprendre à la personne souffrante ce qui se passe en elle – comprendre pour mieux être – habitait Paulette Letarte. Pendant plusieurs dizaines d’années, elle a abordé et traité des situations psychopathologiques inabordables autrement que par une psychothérapie. Des cas parfois extrêmes, comme celui de cette jeune mère qui avait étranglé sa fille avant d’échouer à se suicider, mais aussi plus quotidiens comme celui d’une jalousie térébrante chez une dame âgée. Ses récits, incroyablement vivants et émouvants, nous montrent une psychanalyste au travail, mois après mois, année après année. On la voit trouver, et nous transmettre, une attitude d’écoute qui permet de supporter passages à l’acte, refus de tout échange, déception devant la lenteur des progrès… mais surtout de créer avec ses patients un espace intermédiaire d’échange qui rend à l’imagination son pouvoir et aux mots leur valeur symbolique.
Mieux que n’importe quel manuel, ce livre enrichit la pratique de tout analyste, qu’il traite ou non des « nouveaux psychotiques ». L’étude de ces cas est un amplificateur de brillance qui permet de déceler les mouvements qui naissent, sur un mode mineur, au cours de toute entreprise psychanalytique.
Ce livre n’est pas à mettre entre toutes les mains : il pourrait convaincre de la valeur thérapeutique de la psychanalyse.
Paulette Letarte (1929-2009) était biologiste, médecin, psychiatre, psychanalyste membre de la Société psychanalytique de Paris. Proche de Francis Pasche, elle lui a succédé à la consultation de psychanalyse de la chaire des maladies mentales et de l’encéphale à l’hôpital Sainte Anne, développant l’approche psychothérapeutique des patients psychotiques.