Paris, le 11 mai 2020
Chers collègues,
Quelques réflexions pratiques sur l’application du déconfinement sur les cadres psychanalytiques.
La variabilité des pratiques rend toute généralisation impossible. Chaque analyste est décisionnaire et responsable de son application personnelle dans le respect de son cadre interne.
Cependant, l’on peut penser les différentes stratégies possibles, tenant compte des règles de « distanciation physique » auxquelles nous sommes tous tenus : il y aura le 11 mai une liberté de circulation, d’exercice professionnel et de rencontre en présentiel avec une limite des groupes à 10 personnes, une distance de plus d’un mètre entre deux personnes et l’application des gestes barrières.
Au plan clinique
Dans les cabinets de psychanalystes, le retour en présentiel des patients est donc possible, avec toutes les précautions requises par le protocole sanitaire, comme la présence de gel hydroalcoolique et des précautions de désinfection régulière du cabinet. Dans le cas de face à face, il convient de respecter une distance d’au moins un mètre, et de proscrire les poignées de main.
Faut-il porter ou faire porter des masques? Cela est une décision individuelle, qui peut s’aménager de façon diverse pour un même analyste selon ses différents patients, en fonction des implications psychiques, des résonances transférentielles individuelles et des demandes explicites des patients.
Il est important de tenir compte de chaque situation individuelle avant de décider un retour au cabinet :
– Individuel pour chaque analyste, selon sa sensibilité, ses facteurs de risque, le déplacement domicile-cabinet éventuel et ses modalités, et surtout sa tranquillité d’écoute de son patient.
– Individuel pour chaque patient d’autre part, en tenant compte des mêmes facteurs que précédemment, et des dimensions psychiques conscientes et inconscientes de l’épidémie pour chacun d’entre eux.
La question du mode de transport peut également être considérée. Le risque de contamination étant plus élevé dans les transports en commun, il convient de l’évaluer de façon individuelle en prenant en compte les aspects concrets (vulnérabilité somatique ou liée à l’âge) et les aspects intrapsychiques.
Les traitements groupaux posent d’autres problèmes. La décision de reprise doit intégrer l’espace disponible dans la pièce en fonction du nombre de participants, et le degré de rapprochement physique du travail engagé. Une situation groupale avec tous les participants masqués implique une modification perceptive qui peut altérer en profondeur les associations de chacun.
Au plan scientifique
La SPP a mis en place une reprise partielle des conférences d’introduction à la psychanalyse et des séminaires Jean Cournut, en visio-conférences (**lien pour les annonces**).
Des séminaires ouverts, les groupes de pratiques cliniques, pourront reprendre, selon les décisions des responsables, dans la limite des 10 personnes maximum, ou se poursuivre en visio-conférences, comme c’est actuellement le cas pour certains.
Nous espérons pouvoir organiser comme prévu le grand Colloque Ouvert de la SPP, le 7 Novembre 2020, sur le thème « Mémoires : Se souvenir, Oublier » et les équipes du Comité d’Organisation travaillent à l’heure actuelle avec les intervenants (*** lien pour l’annonce***).
La SPP compte bien dépasser les difficultés liées à cette situation tout à fait inédite. Je tiens à remercier et à féliciter tous ses analystes, qui ont su conserver au mieux, et dans l’intérêt des patients, la continuité du travail analytique, en utilisant toutes les options techniques et psychiques possibles, avec une adaptabilité et un engagement qui témoignent de la vitalité de la psychanalyse.
Clarisse Baruch
Présidente de la Société psychanalytique de Paris
Retours d’expérience COVID-19