Une quatrième de couverture en images
L’équipe de la Vidéothèque vous propose de courtes interviews d’auteurs psychanalystes à l’occasion de la publication récente d’un de leurs ouvrages.
Paulette Letarte intitulé Entendre la Folie, textes cliniques précieux, dispersés dans différentes revues, et dont Paul Denis a assuré la publication dans la collection « Le fil rouge » en mai 2018.
Paulette Letarte (1929-2009)
(texte et photo Geneviève Welsh)
Paulette Letarte était médecin, psychiatre et psychanalyste. En 1964, elle quitte le Québec où elle était née, pour approfondir sa connaissance de la psychanalyse à Paris. Devenue psychanalyste de la Société Psychanalytique de Paris après son analyse avec Bela Grunberger, elle est membre titulaire à partir de 1975.
C’était avant tout une chercheuse, patiente, tranquille qui avait commencé un travail de recherche en laboratoire de biologie, notamment avec Hans Selye (1907-1982) à Montréal avant même de devenir médecin.
À Paris, elle a mené en parallèle une activité libérale avec des patients en cure-type et, à l’hôpital Sainte Anne, une consultation et des traitements avec des patients psychotiques et border-line. Succédant à Francis Pasche, elle y a dirigé, à la Clinique des Maladies Mentales et de l’Encéphale (CMME), l’équipe des psychothérapeutes. L’activité de consultation publique hebdomadaire lui permettait de proposer des psychothérapies psychanalytiques qu’elle entreprenait elle-même ouqu’elle confiait aux membres de son équipepouvant participer à une supervision collective hebdomadaire avec elle.
C’était aussi une enseignante. Analyste titulaire de la SPP, elle a formé un grand nombre d’analystes en supervisions individuelles et collectives. Chargée d’enseigner la psychanalyse dans le cadre de la formation des psychiatres, elle a marqué son auditoire par sa rigueur, sa capacité à articuler théorie et clinique, et sa souplesse pleine d’humour. Conférencière recherchée pour ses talents de « conteuse », elle a fait de nombreuses interventions dans les congrès psychanalytiques en France et à l’étranger. Sa discussion avec Otto Kernberg d’ un cas de psychose qu’elle avait en traitement a fait date et a mis en évidence deux approches très différentes d’un même matériel.
Exigeante avec elle–même pour l’écriture, elle a publié environ 35 articles qui présentent pour la plupart des cas extrêmes d’analysabilité, au fil des rencontres à l’hôpital Sainte Anne et à l’Institut Albert Prévost de Montréal où elle allait un mois par an. Les textes du recueil Entendre la folie nous montrent in vivo et en détails les patients et l’analyste, sa façon de travailler, les aspects du contre transfert guidant les aménagements techniques sans que les bases de la cure-type ne soient jamais perdues de vue. Photographe remarquable, elle était dotée d’une capacité d’observation à toute épreuve. Pianiste accomplie, elle cherchait en musique comme en analyse la bonne tonalité, le moment opportun, selon le tempo le plus adapté. Révoltée par le gâchis et la souffrance que représentaient à ses yeux les blocages psychopathologiques,elle avait aussi une grande exigence pour la formulation des interprétations,qui ne devaient jamais blesser,et elle y parvenait grâce à un travail de métaphorisation et à un humour subtil qui éclairaient tout en faisant diminuer la surcharge d’excitation.