La SPP a la grande tristesse de faire part du décès de Roger Perron, le 9 novembre, à l’âge de 95 ans.
Psychanalyste à la SPP depuis 1980, adhérent en 1988, formateur depuis 2007, il fut pendant bien des années l’un des membres les plus actifs et les plus prolifiques de la Société.
Roger Perron commença par une activité de chercheur en psychologie différentielle aux côtés de René Zazzo, apportant des contributions importantes aux recherches sur la mesure de l’intelligence, le développement de la psychométrie, et surtout l’utilisation de ces mesures en psychologie clinique, comme appui à la description du fonctionnement global du sujet. Il travailla à l’époque avec Reuchlin, Fraisse, Oléron, comme assistant, puis chargé de recherches, enfin directeur de recherches au CNRS. Avec son épouse, Michèle Perron-Borelli, il développa dans les années 1970 de nouvelles échelles d’évaluation qui ont été extrêmement utilisées par des générations de psychologues, tout en portant un regard critique sur l’utilisation réductrice de ces outils.
Il développa en parallèle son intérêt pour la psychanalyse, commençant son cursus à la SPP dès 1974, puis partant travailler à la Fondation Vallée avec Roger Mises, tout en continuant à enseigner et à encadrer des thèses à l’Université Paris V. Il commença alors un travail psychanalytique important, avec de très nombreuses publications (plus de 25 livres, 200 articles et chapitres…) sur différents thèmes. Il fut avec Michèle Perron-Borelli rapporteur au Congrès des psychanalystes de langues romanes (aujourd’hui CPLF) en 1987, sur le thème : « Fantasme et action ». Ils rédigèrent également un Que sais-je? sur le complexe d’Oedipe (1994).
Roger Perron publia de nombreux ouvrages sur la représentation et la symbolisation, un Que sais-je? sur « l’histoire de la psychanalyse » (1990) ainsi qu’une « Epitre aux enfants qui se cachent dans les grandes personnes » (Puf, 2000), et « La passion des origines: être et ne pas être » (Delachaux et Niestlé, 2003).
Parmi tant d’autres intérêts, il développa également toute une réflexion sur la recherche en psychanalyse et ses rapports avec la science, dans l’articulation entre les approches quantitatives et qualitatives, s’appuyant sur sa double expérience de chercheur et de psychanalyste. Il défendit l’impossibilité de l’application de l’evidence based medicine en psychanalyse, mais soutenait la nécessité de trouver des méthodes spécifiques concernant l’évaluation de la psychanalyse.
Il s’attacha à diffuser la clinique et la théorie psychanalytique auprès du grand public, et à démythifier l’image du psychanalyste avec en particulier deux ouvrages: « Une psychanalyse : Pourquoi? » (InterÉditions, 2000) et « Psychanalystes, qui êtes-vous? » (InterÉditions, 2006). Il dirigea également une collection chez Dunod.
Grand clinicien, avec une humanité toujours en éveil, il avait un sens de l’humour prompt à frayer un chemin acceptable à des interprétations acérées. Psychodramatiste convaincu depuis bien des années, il a participé, comme meneur de jeu et comme acteur à de multiples groupes, au CCTP et à ETAP, dont il était un pilier. Il était très apprécié de ses supervisés, et portait une grande attention à la transmission.
Il a enfin porté de nombreuses responsabilités institutionnelles, président du Comité de la BSF, président de la Commission socio-professionnelle…
Pour une biographie plus complète, on peut consulter le texte rédigé par notre collègue Jean-Yves Chagnon en 2013: Chagnon Jean-Yves, « Introduction à l’œuvre de Roger Perron : parcours, apports, enjeux », Le Carnet PSY, 2013/5 (N° 172), p. 40-43. DOI : 10.3917/lcp.172.0040. URL : https://www.cairn.info/revue-le-carnet-psy-2013-5-page-40.htm