Le Professeur Panagiotis Sakellaropoulos s’est éteint à Athènes le 5 novembre 2018.
Après des études de médecine, puis de neuro-psychiatrie, à Athènes, P. Sakellaropoulos vient en France (1954-1961), où il sera « résident » (assistant à titre étranger) dans le service d’Henri Ey à Bonneval. Cette première période lui permettra de vivre les débats passionnés qui caractérisent la psychiatrie française de l’époque, et d’adhérer aux projets pour une psychiatrie anti-asilaire, ancrée dans la communauté et inspirée des approches psychanalytiques. Parallèlement, il entame une analyse personnelle, puis une formation psychanalytique.
De retour en Grèce, il devient assistant au service universitaire de psychiatrie d’Athènes, mais la dictature de 1967 conduit à sa mise à l’écart, du fait de ses prises de position courageuses. Il revient alors en France, où il complète sa formation psychanalytique auprès de la SPP, dont il devient membre adhérant en 1971 ; il sera titulaire en 2007 et titulaire honoraire à partir de 2010.
Revenu à nouveau en Grèce dans les années 1970, et alors qu’il développe une activité privée d’analyste et de psychiatre, il déploie une énergie inépuisable en faveur aussi bien du développement de la psychanalyse que de la réforme des soins psychiatriques. Il sera membre fondateur de la Société hellénique de psychothérapie psychanalytique (1977), de l’Institut de psychiatrie sociale (1978) et de la Société hellénique de Psychanalyse (1983), branche de l’IPA. Il devient professeur de psychiatrie à la Faculté de Médecine de l’université de Thrace en 1985. À la tête d’une association ayant comme but de promouvoir les soins ambulatoires et les approches psychothérapiques psychanalytiques en psychiatrie, il crée le premier secteur psychiatrique grec, structure qui couvre le département de Phocide. Il développe également l’hospitalisation à domicile, et crée plusieurs centres de traitements ambulatoires, ainsi que des foyers pour patients psychotiques graves quittant les asiles, à Athènes et dans d’autres régions de Grèce.
Au cours d’un demi-siècle d’efforts sans relâche, il aura été le principal acteur de la transformation de la psychiatrie publique en Grèce, gardant constamment la référence à la sectorisation psychiatrique française et à son alliance originale entre psychiatrie communautaire et psychanalyse.
De centaines de jeunes travailleurs en santé mentale sont passés par les structures de soins qu’il a créées, où ils ont reçu, à travers son enseignement inspiré et sa personnalité charismatique, les premières notions de la théorie psychanalytique et de ses applications thérapeutiques. Grâce à ses encouragements et à son accompagnement chaleureux, de très nombreux jeunes étudiants en médecine, psychiatres et psychologues, sur au moins quatre décennies, ont poursuivi leur formation en France, et plusieurs ont intégré la SPP.