C’est avec tristesse que nous apprenons la disparition à Madrid, le 4 février 2022, de Manuela Utrilla Roblès, née le 29 août 1935 en Espagne.
Après des études de médecine en Espagne, elle s’est formée à la psychiatrie et à la psychanalyse en Belgique et en Suisse. Elle a travaillé avec Julian de Ajuriaguerra, René Diatkine, Serge Lebovici, Gaston Garrone et René Henny. Elle élargit sa formation au groupe et au psychodrame analytique.
Parallèlement, elle entreprend une analyse personnelle et une formation analytique à la Société Suisse de Psychanalyse, qu’elle termine en 1982.
Durant toutes ces années, elle a également suivi les activités du futur Groupe Lyonnais de la Société Psychanalytique de Paris, ainsi que les divers Séminaires de Perfectionnement, Congrès Psychanalytiques de Langue Française et Congrès de la Fédération Européenne de Psychanalyse.
En 1983, elle rentre à Madrid où elle est nommée Professeur à l’Université de Madrid et s’engage dans l’Association Psychanalytique de Madrid (APM) en 1983, où elle a occupé différents postes de responsabilité, dont celui de Présidente. A l’API, elle a été membre de différents Comités et du Conseil d’administration, et représentante auprès de la FEPAL.
Jusqu’aux dernières années de sa vie, elle a participé très activement à la direction et au développement de l’Association Psychanalytique de Madrid tout particulièrement en psychanalyse de l’Enfant et de l’Adolescent.
Elle a également dirigé la Revue de Psychanalyse de l’Association Psychanalytique de Madrid, développé l’enseignement et la pratique en psychosomatique à Madrid, parcouru le monde pour découvrir les différentes manières dont étaient organisés les soins dans les institutions psychiatriques, participé aux activités de la Fédération Européenne de Psychanalyse (FEP) et de l’Association Psychanalytique Internationale (API) pour coordonner les formations psychanalytiques en Europe du Sud…
Ses liens avec la communauté francophone de psychanalyse sont restés multiples et fidèles.
Ses travaux sur les institutions sont actuellement une référence pour aider à mieux comprendre les intenses mouvements collectifs parfois fanatiques et destructeurs dans lesquels nous nous trouvons souvent plongés, si ces espaces ne sont pas correctement entretenus pour leur permettre de remplir leur fonction scientifique et d’échange créatif.
Manuela Utrilla laisse une œuvre écrite considérable, non seulement dans le domaine de la psychanalyse – vingt livres personnels et autant de contributions à des ouvrages collectifs – mais également dans le domaine de la littérature – deux romans – et de la poésie – quatre recueils de poèmes. Un seul a été traduit en français : « Traiter l’enfant en institution. Le point de vue d’une psychanalyste », champs psychanalytiques, Delachaux et Niestlé, 2003. Plusieurs de ses articles en français figurent toutefois dans la Revue Française de Psychanalyse, la Revue Française de Psychosomatique, les Libres Cahiers pour la Psychanalyse et Le Coq Héron.
Sa vitalité, sa curiosité intellectuelle et son intérêt profond pour la psychanalyse et la psychanalyse avec l’enfant nous manqueront.