La SPP a la grande tristesse de faire part du décès de Michèle Perron-Borelli, le 21 Juillet 2019 à Paris.
Michèle Perron-Borelli a été parmi les premiers diplômés de la licence de psychologie qui venait d’être créée en 1947. Engagée au CNRS sur un poste de chercheur, elle travaille, sous la direction de Henri Wallon, sur les problèmes de la pensée sans langage, en particulier chez les sourds-muets. Mais, mal à l’aise dans un CNRS où la psychologie était alors dominée par une idéologie scientifique qui ne lui convenait pas, elle démissionne et se consacre à la psychologie clinique. Elle entre alors sur un poste de recherche à la Fondation Vallée dirigée par Roger Misès, et travaille sur les processus de développement cognitif dans les cas d’enfants psychotiques gravement déficitaires, ce dont témoignent plusieurs articles signés avec R. Misès ; s’ensuit la mise au point et la publication d’une batterie d’épreuves (les Echelles Différentielles d’Efficiences Intellectuelles) permettant l’analyse de ces états.
Parallèlement, elle entre en formation psychanalytique, pour se consacrer entièrement et généreusement à la psychanalyse.
Un temps fort de ses recherches, en partage avec Roger Perron, fut l’engagement en urgence, en 1986, dans la préparation et la tenue du Congrès des Psychanalystes de Langue Romane (aujourd’hui CPLF) sur « Fantasme et action ». Partant de ce travail, elle s’engage dans des recherches approfondies donnant lieu à de nombreuses publications (notamment aux PUF et à la Revue française de Psychanalyse), centrées sur les relations entre préconscient et fantasme. Citons : Le fantasme, une représentation d’action (1985), Sur la « trilogie » des fantasmes originaires (1991), Clivages de l’action (1993), Dynamique du fantasme (1997), un ouvrage majeur, Conflit psychique et dynamique de la cure (2005), Le narcissisme à l’épreuve de l’Œdipe (2007), Construire en analyse pour re-construire autrement (2008).
Dès le début, elle s’engage dans la vie de la SPP : élue au Conseil d’Administration, Trésorière, Secrétaire Générale, Présidente. Son engagement est très actif dans la formation : pendant plusieurs années, elle va chaque semaine passer trois jours à Aix-Marseille pour analyses et supervisions, afin de développer le Groupe méditerranéen de la SPP.
Ses capacités d’accueil, sa perspicacité et sa générosité laisseront des souvenirs, comme sa pertinence dans les discussions scientifiques et les relations amicales. Avec Roger Perron, elle a su s’entourer de collègues et d’amis. Il nous reste à faire le deuil d’une grande dame de la psychanalyse.