Existe-t-il une éducation suffisamment bonne ? In Press, Paris 2013, ISBN : 978 2 84835 250 3
Ce livre rassemble et confronte les points de vue de cliniciens et d’enseignants chercheurs autour de l’articulation fonctionnement psychique/ éducation.
Pour les analystes elle amène à reconsidérer l’opposition entre Mélanie Klein et Anna Freud, l’une considérant l’enfant indépendamment de son environnement, l’autre mettant celui-ci au premier dans les soins apportés à l’enfant. Et pour Pechberty, Winnicott a sans doute trouvé-créé une synthèse entre les deux. Freud s’opposera à une position qui ne teindrait aucun compte de l’environnement de l’enfant. D’autant que pour lui, l’identification est le moyen essentiel de l’éducation : l’amour de l’élève entraine une identification au maitre et à son savoir et provoque l’envie d’apprendre.
Mais alors, comment peut-on être autodidacte ? L’autodidaxie suppose des qualités intrinsèques de curiosité mais il lui faut aussi rencontrer dans l’environnement social un matériau qui lui corresponde et les interprètes plus avancés auprès desquels se fournir. Pour Dominique Ottavi, il y entre aussi une part de au hasard même dirigé par la curiosité du sujet. Il aura fallu « que l’environnement réponde « présent » pour que le sujet échappe aux rets de sa passivité ».
C’est aussi que tout apprentissage éducatif s’étaye sur le désir de jouer « pour se tirer du lieu où il se trouve enfermé par la force de l’habitude ». Pour Aline Cohen de Lara, le déplacement métaphorique dans le jeu permet l’intégration de la conflictualité. Danon-Boileau, rappelle que ceci reste vrai des enfants dont les troubles majeurs de la communication entravent les apprentissages. Une fois établi un cadre solide qui vise à abaisser les niveaux d’excitation il est possible d’introduire dans la relation des surprises propres à engager un échange ludique. Dans un exemple clinique il montre dans l’apparition du pointage chez l’enfant, désignant un lieu vide où convergent les regards, comment il se charge des souvenirs communs ; l’habitant du coup d’un affect partageable.
Pourquoi les mathématiques comptent pour la psychanalyse s’interroge Philippe Chaussecourte qui voit plusieurs proximités. La pensée mathématique est fondamentalement relativisante. Pour elle, il n’y a pas de vérité admise en soi mais une suite admise d’axiomes. C’est d’accepter comme axiome la proposition d’Euclide qui a permis l’ouverture à des géométries et des espaces non euclidiens, ceux là même que l’on retrouve dans la clinique de la bidimentionnalité psychique. La relativisation du point de vue d’Euclide ouvre à la possibilité pour la pensée de se décoller du perçu.
Pour Pechberty, les établissements médico-éducatifs type ITEP ou SESSAD fonctionnent aussi comme enveloppe institutionnelle sur le fond de laquelle l’apprentissage va pouvoir se développer ; d’où l’importance de soutenir dans ces structures le travail institutionnel. Marcella Gargiulo s’intéresse elle aux effets de relance de la pensée de l’enfant à l’occasion de l’annonce du diagnostique.
Le livre se termine sur une reprise par Florian Houssier de son travail sur l’école de Hietzing, fondée par Anna Freud et Dorothy Burklingham déjà sur le fond du conflit avec Melanie Klein. Au-delà des inventions pédagogiques très originales de cette école, Houssier décrit aussi les impasses de cette utopie de l’école de Heitzing prise dans le mélange des genres et dans la confusion des liens professionnels, filiaux, amicaux etc.
08.12.2014