Près de 200 auteurs, un comité de parrainage prestigieux, un comité scientifique constitué de François Delaporte, épistémologue, Patrice Pinell, médecin et sociologue, directeur de recherches à l’INSERM et Chritiane Sinding, médecin et historienne, elle aussi directeur de recherches à l’INSERM, des index nominum et rerum abondants, le travail dirigé par Dominique Lecourt, professeur à l’université de Paris VII-Diderot est d’une grande ampleur. Il est surtout soucieux de tenir à la fois la volonté d’informer sur les recherches actuelles et les techniques de pointe, et de proposer une perspective qui, loin de tout positivisme, fasse droit à la pensée médicale, envisagée dans sa profondeur historique, son épaisseur sociale et ses horizons philosophiques.
Tout geste thérapeutique suppose une conception déterminée du corps vivant humain. La perspective est délibérément historique, épistémologique et sociologique, fait place à la psychiatrie et à la psychanalyse, mais aussi aux maladies tropicales ou émergentes comme aux pathologies les plus répandues. Il est ainsi un article « cancer » mais aussi un article « lutte contre le cancer » ; l’article sur l’allaitement fait une large place à la portée affective de l’allaitement, mais aussi à l’histoire des nourrices, celui sur les allergies fait état avec précision de l’état des savoirs tout en soulignant les énigmes en suspens et l’embarras des chercheurs, tandis que le sociologue Ehrenberg propose sa réflexion sur les rapports entre notre société et la fréquence des dépressions. L’article sur la procréation assitée fait le point des possibilités techniques mais propose aussi une réflexion sur la transformation des conditions anthropologiques de l’engendrement ainsi que sur les repères normatifs. On trouve des développements sur les maladies professionnelles ainsi que sur la protection maternelle et infantile : la dimension sociale des phénomènes de santé est donc particulièrement prise en compte sans que soit négligée l’information sur les découvertes et les recherches. L’épidémiologie est en bonne place, mais l’attention à l’être humain malade n’est pas négligée, et le dictionnaire vise à réinsérer la pensée médicale dans une culture générale ouverte et responsable.
Bien plus qu’un dictionnaire de médecine, cette œuvre de grande importance propose une compréhension de la pensée médicale qui est elle-même un travail d’humanisation et de réflexion, avec l’intention explicite de lutter aussi bien contre les préjugés anti-rationalistes et la peur de la science que contre une conception réductrice de l’homme, de la santé et des soins.