Anne Lise Stern est psychanalyste à Paris. Elle a 22 ans en 1944 quand elle est déportée à Auschwitz.
Notre rubrique se devait de parler de ce livre. Mais comment rendre compte de ce témoignage émouvant, profondément humain sans trahir l’auteur ? Pour une fois, il ne s’agira pour nous que d’un encouragement à lire ce livre tellement important, surtout pour nous analystes nés après l’horreur nazie.
Un livre qui pose bien sûr la question de quelle psychanalyse après Auschwitz.
C’est un livre de souvenirs, souvenirs de déportation, du retour, du silence, de la difficulté à raconter, souvenir de sa psychanalyse, de sa pratique clinique, c’est l’histoire de la vie d’une femme passionnée par la psychanalyse.
La confrontation de l’expérience des camps et sa pratique clinique dans diverses institutions l’a conduite à élaborer la notion de « savoir déporté » qui est le titre de ce livre. Un enfant brutalement séparé de ses parents, certains actes médicaux la renvoie immédiatement à la douleur de la déportation et à l’urgence : urgence au camp pour survivre, urgence de l’intervention du psychanalyste pour sortir un enfant d’une situation familiale pouvant le conduire à la mort. Anne-Lise Stern est née en Allemagne, fille de médecin freudien et déportée « dans le lieu où s’est perpétrée la perversion la plus inimaginable de la démarche médicale ». A l’hôpital, se nouaient pour elle, son enfance bercée par le discours freudien, l’expérience des camps et sa pensée clinique.