[restrict]La rédaction du communiqué telle qu’elle a été proposée en CA courant septembre 2021 ne me convenait pas. J’ai donc proposé un texte alternatif qui n’a pas été retenu. Il m’a été proposé de le déposer sur le site, espace-membres, rubrique « Points de vue ». Chaque membre peut ici en prendre connaissance.
Il s’agit bien d’un point de vue personnel, d’une reprise à ma façon du texte d’origine, et non de la position officielle de la SPP telle qu’elle a été publiée sur ce site dans l’espace public.
Je remercie les membres du CA de faire preuve de respect quant à la diversité des points de vue et d’en faciliter l’expression.
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L’arrêté du 10 mars 2021 définit le cadre de l'expertise spécifique des psychologues mentionnée à l'article R. 2135- 2 du code de la santé publique.
Ce dernier article (https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000043331372) se réfère exclusivement aux enfants ayant été préalablement diagnostiqués comme présentant des troubles neurodéveloppementaux. L’arrêté cité ci-dessus ne concerne donc que les bilans et les prises en charge de ces enfants-là (notamment ceux présentant des troubles du spectre de l’autisme). Il ne vise donc pas les autres enfants en difficulté cognitive ou affective pour lesquels une étiologie neurodéveloppementale n’a pas été retenue.
Par conséquent, ne s’agissant que d’enfants présentant des troubles neurodéveloppementaux attestés, il s’ensuit que l’arrêté se conforme aux recommandations de la HAS en la matière, à savoir :
- Que l’expertise du psychologue soit définie par la capacité́ acquise dans le cadre du titre de psychologue (art. 44 de la loi de n° 85-772 du 25 juillet 1985 : https://www.legifrance.gouv.fr/loda/article_lc/LEGIARTI000033678864/)
- La pratique exclusive de tests neuropsychologiques lors des bilans
- La mise en place de thérapies cognitivo-comportementales, de la remédiation neuropsychologique et cognitive et de la psychoéducation.
- La soumission du projet thérapeutique à l’autorité médicale gérée par une plateforme de coordination et d’orientation.
- La soumission au médecin de la plateforme qui vérifie l’adéquation du projet thérapeutique avec les recommandations de la HAS concernant la prise en charge des enfants présentant des troubles neurodéveloppementaux.
- La liste en annexe des programmes d’intervention validés par la HAS.
- La proposition de formations complémentaires aux psychologues n’ayant pas l’expertise nécessaire pour contractualiser avec la plateforme.
La SPP a pris connaissance avec perplexité de ces textes qui appellent à une réaction de sa part.
Elle prend acte de la progression de l’histoire des sciences concernant l’évolution des connaissances dans le champ de la psychopathologie et de la neurophysiologie, notamment de l’inclusion nosographique des troubles du spectre de l’autisme dans le cadre des troubles neurodéveloppementaux.
Elle appelle cependant à la plus grande vigilance dans l’application de ces textes sur le terrain au vu du nombre important de faux diagnostics de troubles neurodéveloppementaux (notamment TDAH).
Elle salue, en effet, le progrès que constitue l’introduction de la mesure chiffrée en psychologie (tests normés de la neuropsychologie), tout en avertissant du risque que serait l’illusion d’une objectivité absolue, comme si la subjectivité de l’observateur n’était pas engagée dans la passation des tests.
Elle regrette, surtout, que les textes législatifs cités ci-dessus excluent toute prise en charge psychodynamique concomitante pour les enfants présentant des troubles neurodéveloppementaux. Cette exclusion lui semble comporter un haut risque de perte de chance pour les usagers.
Elle interpelle vigoureusement la HAS et le législateur afin qu’ils n’excluent pas des bilans et programmes d’intervention pour les enfants présentant des troubles neurodéveloppementaux un complément d’investigation (tests projectifs, rencontre analytique) et un accompagnement psychodynamique éventuellement nécessaires.
Elle rappelle l’importance, en même temps qu’une rééducation des capacités cognitives, de promouvoir une meilleure adaptation affective et relationnelle de l’enfant à son environnement.
La SPP reconnaît bien sûr l’autorité et les compétences des pouvoirs publics dans l’orientation de la politique de santé, selon les recommandations de la communauté scientifique (HAS), en fonction de l’évolution des connaissances, en l’espèce l’application de prises en charge rééducatives et de remédiation neuropsychologique et cognitive pour les enfants présentant des troubles neurodéveloppementaux.
Elle regrette ici le caractère exclusif de l’arrêté du 20 mars 2021. Celui-ci place les psychologues de formation psychanalytique, dépouillés de toute initiative thérapeutique car sous stricte autorité médicale (plateforme), dans un conflit de loyauté sans issue éthique. Cet arrêté ne leur laisse en effet le choix qu’entre l’interruption brutale de prises en charge, l’évitement de tout enfant présentant des troubles neurodéveloppementaux, ou un changement de spécialisation (formation).
La SPP demande instamment le réexamen des dispositions légales qui fondent l’arrêté du 20 mars 2021 de sorte que le colloque singulier entre usager et psychothérapeute reste un élément essentiel du choix quant au projet thérapeutique individualisé.
Jacques Boulanger
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