DATE
LIEU
41, boulevard du temple, Paris, 75003
8ème colloque de l’APSPI et de la Revue Cliniques
Ordre et désordre de l’autorité
vendredi 24 septembre 2021
Théâtre Déjazet, 41 boulevard du temple, 75003 Paris
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Argument
L’autorité fait régulièrement débat dans la société. Dans l’histoire, le cours des événements semble depuis toujours influencer la manière dont va s’exprimer et être reçue l’autorité. Ainsi alternent des élans libertaires – « il est interdit d’interdire » – et des mouvements de contrôle et de reprise en main du corps social par le « pouvoir ». Ces effets de balancier traversent tout particulièrement le champ du soin, notamment la psychiatrie. Dans ce contexte, proposer une définition précise de l’autorité s’avère une tâche ardue, ne serait-ce que parce qu’elle entretient des liens avec d’autres notions telles que le pouvoir ou la liberté et qu’elle concerne de nombreuses disciplines (politique, sociologie, justice, éthique, anthropologie, etc). Quel regard peut-on porter sur ce sujet dans les institutions de soin ? L’autorité est loin de se réduire à l’abus de pouvoir ; « dès que la force même est en jeu, l’autorité cesse, comme le poids cesse dès que le corps tombe » écrivait Paul Valéry (Les principes d’anarchie pure et appliquée. Paris, Gallimard, p. 59).
Le terme autorité renvoie à l’auctoritas romaine, à savoir à la qualité et à la légitimité des anciens. Le Sénat à Rome était en l’occurrence le garant des « fondations ». L’autorité est en son fondement un facteur d’humanisation, civilisateur et structurant. Ses fonctions sont constitutives de l’individu comme de la civilisation. Elle organise les mouvements pulsionnels individuels et collectifs et permet leur sublimation comme le notait Freud dans « Malaise dans la civilisation ». Un enfant ne peut grandir sans une autorité à laquelle se mesurer, sans limites auxquelles se confronter, sans quoi il se désorganise. De la même manière, une institution ne peut fonctionner sans autorité, celle-ci participant même de son essence. La référence à ce qui fait autorité n’est-elle pas fondamentalement la garantie d’un cadre, d’une loi, et surtout d’un tiers ?
Dans les soins psychiques, que l’on pense au fonctionnement de nos patients ou que l’on évoque les dynamiques institutionnelles, à quelles fonctions intrapsychiques et intersubjectives l’autorité doit-elle renvoyer pour être suffisamment opérante ? Comment se manifestent ses désordres dans la clinique quotidienne, notamment celle des perversions et des cliniques aux limites, tout autant que dans les organisations institutionnelles ? En matière d’autorité, quel est le bon équilibre, le bon alliage qui prémunisse autant de la violence que de l’emprise et de la séduction ? Qui est légitime pour exercer une autorité dans une institution, quelles valeurs la sous-tendent, le savoir médical, le charisme de tel soignant ? Dans notre contexte contemporain de la santé, comment se manifeste le conflit implicite dans une institution sanitaire ou médico-sociale entre « l’autorité médicale » et « le patient acteur de ses soins » ? A cet égard, est-ce que laisser de plus en plus d’autonomie aux patients et limiter strictement les soins sous contrainte suffit à régler la question de l’autorité ? Une forme d’autorité n’est-elle pas nécessaire pour protéger les patients, pour ne pas les livrer à eux-mêmes, à des idées délirantes ou suicidaires par exemple ? L’autorité ne devient-elle pas opérante à la condition d’être exercée dans un cadre autorisant le tiers et la conflictualité, ou quand les motivations implicites sont avant tout de limiter la toute-puissance en apaisant l’excitation et la violence ? Comment en somme penser l’autorité pour qu’elle soit la condition de l’homme ou de la femme libre et pas non seulement une fin en soi ?
Programme
08h30-09h00 : Accueil des participants
09h00-10h00 – OUVERTURE : Catherine Ducarre / Alain Braconnier
CONFERENCE INTRODUCTIVE : André Carel – Le processus d’autorité comme offre surmoïque et ses vicissitudes
10h00-11h15 – Figures de l’autorité
Table ronde présidée par Mariane Veilleux – Discutant : Patrice Huerre
Intervention n°1: Laurent Olivier – Qui commande chez les Gaulois ? Une lecture anthropologique des figures de l’autorité dans les sociétés celtiques préromaines
Intervention n°2 : Philippe Robert – L’autorité du psychanalyste en institution.
11h15-11h45 : Pause
11h45-13h00 – L’autorité pour soigner ?
Table ronde présidée par Anaïs Devaux – Discutant : Vassilis Kapsembelis
Intervention n°1: Emmanuelle Chervet – L’autorité : un sol ferme sous les pieds.
Intervention n°2 : Fabrice Gzil – Éthique de l’autorité & autorité de l’éthique.
13h00 – 14h30 : Pause
14h30-16h15 – Les transformations de l’autorité
Table ronde présidée par Catherine Fourques – Discutant : Marie-Laure Léandri
Intervention n°1: Anais Restivo-Martin – Une autorité interne gardienne de vie.
Intervention n°2 : Christophe Ferveur – Snowflake génération : autorité et jeunesse aujourd’hui.
Intervention n°3 : Franck Rexand-Galais – Entre pertes et tempêtes : quand la vieillesse remanie l’autorité.
16h15 – 16h45 : Pause
16h45-18h00 – Quand l’autorité devient pouvoir : entre violence et séduction
Table ronde présidée par Paul-Henri Waché – Discutant : Charlotte Costantino
Intervention n°1 : Magali Ravit – Quand l’autorité se fait contrainte : les enjeux de la violence.
Intervention n°2 : Pascal Roman – Violence et emprise dans les liens : l’inceste, un meurtre d’autorité.
18h00 – 18H15 – CONCLUSION : Catherine Ducarre et Charlotte Costantino