Le collège de France a entrepris de publier les leçons inaugurales de chaque nouvel enseignement, sorte de rituel initiatique pour lequel le professeur nouvellement promu doit exposer de manière synthétique le projet général de son enseignement.
L’intérêt de la leçon de Michel DEVORET est qu’elle porte sur la physique quantique dont on sait qu’elle a pu servir pour certains de nos confrères de « nouvelle métaphore » pour la psychanalyse.
Dans ce court texte (75 pages) le lecteur peut trouver, exposés de manière synthétique et didactique, les principaux enjeux de cette physique de l’infiniment petit dont le fonctionnement n’a rien d’intuitif
L’une de ses caractéristiques est que l’énergie et la matière ne s’y distribuent plus de manière continue. La matière y est discontinue et peut être identifiée et comptée, à l’unité près, à l’atome près. La distribution de l’énergie par une succession de sauts permet des applications en particulier du côté de l’informatique, puisque le système pourra répondre par oui ou par non en fonction du franchissement ou non d’un niveau d’énergie.
La discontinuité de la matière implique que dans l’intervalle stable qui sépare deux sauts, le temps y est circulaire, à l’image d’un disque tournant sur lui-même et qui ramène à chaque tour de spire à la même position. Le temps s’y trouve limité entre les bornes d’un intervalle fermé ce qui n’est pas sans nous rappeler les anomalies de l’organisation temporelle dans certains types de psychoses (en particulier autistiques).
En mécanique quantique il n’est pas possible de connaître avec une égale précision la position d’un élément et sa vitesse de déplacement. Cette imprécision, remplacée par une connaissance statistique, s’avère en revanche compatible avec un certain nombre d’anomalies de la matière dans la physique classique. Certains systèmes qui ne devraient pas être stables le sont (l’atome d’hélium). Ainsi, le « pas tout » de la connaissance sur la matière est ce qui permet d’en cerner le réel… Tiens, tiens ? Voilà un bruit de fond tout à coup familier…
L’information transmise par les systèmes quantiques peut concerner plusieurs aspects d’un même élément : un « bit » quantique délivre non seulement l’information de sa présence, mais aussi de son orientation et de son parcours (lesquels influeront sur le résultat final). Il constitue ainsi un même temps un élément mémoire. Là encore une analogie se dégage avec l’inconscient dont le fonctionnement, les particularités de son mode de pensée, permet de manipuler plus d’information qu’on ne pourrait le faire en passant par la seule pensée structurée dans les mots et la causalité linéaire.
Le champ d’application limité à l’infiniment petit de cette physique pourrait décevoir, mais on s’est aperçu que dans certaines circonstances en particulier ; aux températures de froid extrême, la matière devenant supra conductrice adoptait un comportement quantique pour des grands nombres d’atomes. Ainsi s’ouvre la possibilité d’applications à de véritables machines quantiques dont les ordinateurs, les faisceaux lasers etc.