La psychanalyse est née dans les années 1895-1900. C’est alors, en effet, qu’un neurologue viennois, Sigmund Freud, entreprend de soigner un état supposé jusque-là rebelle à tout traitement, celui des hystériques. Il pose en principe que les symptômes alors observables constituent l’expression de violents conflits internes où s’opposent désirs et interdit. Ces conflits sont si vivement réprimés que, devenus inconscients, ils passent inaperçus du patient lui-même ; ils trouvent cependant un exutoire dans des « retours du refoulé » qui sont des satisfactions déguisées. La source du trouble est à rechercher dans un ou des évènements traumatiques de l’enfance, généralement de nature sexuelle. Très vite cependant Freud admettra que, plus que l’évènement lui-même, ce qui compte c’est l’activation des fantasmes nés de l’intensité du désir et exacerbés par sa répression. La démarche thérapeutique en découle : il s’agit de remettre au jour de la conscience l’évènement traumatique originel (et plus généralement le cours de l’histoire infantile) pour démonter et désamorcer le mécanisme de production des symptômes et par là rééquilibrer le fonctionnement du psychisme et permettre un réaménagement des relations avec l’entourage.
Freud a vite généralisé cette explication à ce qu’il nomme les « psychonévroses de défense » (hystérie, obsessions, phobies) ; il finira par en faire une théorie générale du fonctionnement du psychisme, en estompant très sensiblement les frontières du normal et du pathologique.
Cette thèse se heurte d’abord au scepticisme ou à l’hostilité, au mieux à l’indifférence, et Freud se sent isolé. Dès 1902 cependant, quelques personnes intéressées se réunissent chaque semaine en une « Société du mercredi » qui va s’enrichir progressivement des pionniers de la science naissante (Alfred Adler, Karl Abraham, Otto Rank, Sandor Ferenczi, Ernest Jones, Carl Gustav Jung, etc.). En 1910 le mouvement a pris assez d’ampleur pour qu’il devienne nécessaire de l’organiser au plan international : c’est alors qu’est créée l’« Association psychanalytique Internationale » qui fédère, aujourd’hui encore, les Sociétés nationales.
La passion qui anime les acteurs de ce début d’histoire suscite des débats, des divergences, voire des conflits, dans lesquels Freud s’efforce de mettre de l’ordre, mais qui débouchent sur des séparations parfois douloureuses ; ainsi en est-il au départ, vers 1912, de Jung, que Freud avait considéré tout un temps comme son successeur.
La première guerre mondiale suspend ce développement, qui reprend ensuite avec la création de nouvelles sociétés nationales : ainsi naît en 1926 la Société Psychanalytique de Paris. Au sein d’un mouvement affermi, des contributions théoriques et techniques majeures voient le jour, notamment dues à Ernest Jones, à Karl Abraham, à un Sandor Ferenczi prolifique, inventif et parfois un peu trop hardi, mais aussi grâce à la création d’une psychanalyse des enfants par Mélanie Klein et par la propre fille du maître, Anna Freud. Freud lui-même remanie considérablement ses vues qu’il expose dans de nombreuses publications (aujourd’hui toutes traduites en français). Miné par un cancer contre lequel il s’était longuement battu, il meurt à Londres le 23 septembre 1939.
Après la seconde guerre mondiale le mouvement prend une grande extension à l’échelle internationale. La psychanalyse étend considérablement son champ d’action, par la prise en compte de pathologies nouvelles (psychoses, états limites, etc.), par la prise en charge des enfants dès le très jeune âge et des adolescents, par le développement de techniques nouvelles (thérapies mère-bébé, thérapies de couple, psychodrame, etc.). Ceci va de pair avec une remarquable efflorescence théorique qui a pu conduire à s’interroger sur l’unité de la psychanalyse, mais aussi à des séparations comme celles qui ont marqué cette histoire en France, notamment du fait de Jacques Lacan, remarquable animateur de pensée…et de controverses.
Quelles que soient ses versions, la psychanalyse, au plan des pratiques comme au plan des théories, est sans aucun doute aujourd’hui très différente de celle que pratiquait et pensait Freud. L’œuvre de Freud reste cependant le socle et la pierre de touche indispensable à notre pensée et à nos pratiques.
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