Jean Favreau est une figure de la SPP qui a marqué par sa simplicité et son influence, la vie et l’enseignement de l’Institution, des années 1950 jusqu’à sa mort en 1993.
Cet entretien avec Jean Favreau a inauguré la série d’entretiens filmés avec d’éminents analystes de la SPP que j’ai eu le privilège de réaliser .
Pour la petite histoire, en 1990 je faisais partie depuis quelques mois, d’un petit groupe de collègues « en contrôle », qui se retrouvaient avec plaisir chaque semaine chez lui.
Jean Favreau transformait ces soirées en séminaires, comme cela se faisait de son temps disait il. C’était un conteur né qui prenait un plaisir évident à cette transmission orale, que nous recevions avec la plus grande satisfaction. Ces soirées qui se terminaient fort tard étaient si animées, si passionnantes que nous voulions garder une trace de cet enseignement qu’il nous prodiguait si généreusement, et nous le pressions d’écrire !
Il s’y refusait systématiquement, arguant non sans provocation, que « tout ce qui est écrit est perdu pour l’inconscient ! »
Un jour que nous revenions à la charge sans plus de succès, j’ai fini par lui dire : « bon, si vous ne voulez pas écrire, je vais faire votre vidéo-livre ! ».
Dans les quelques mots d’introduction générale à ce premier entretien, il est bien précisé qu’il s’agit de retrouver, grâce aux témoignages de ceux qui ont vécu cette époque, l’évolution de la Psychanalyse depuis les années d’après guerre, telle qu’elle s’est développée à la SPP.
Et c’est bien ce que nous permet de préciser et de mieux comprendre cet entretien avec Jean Favreau qui décrit à travers son parcours personnel
• les conditions de la pratique de la Psychanalyse, pendant et après la guerre,
• la création du premier lieu institutionnel de la SPP, 187 rue Saint Jacques,
• la création de l’Institut, et les rivalités entre Nacht, Lacan et Lagache qui en briguaient la direction,
• la création du centre de consultation dont il prendra par la suite, la direction,
• l’instauration de nouvelles règles de fonctionnement et du cursus de formation,
• la profonde crise de la « scission » en 1952/53, qui a été le résultat de tous les antagonismes en présence dans une période de nécessaire ,
• les grands débats qui ont animé la vie de la SPP dans cette période de réformes (analyse didactique ou pas, analystes médecins ou non médecins, le problème de la guérison, ).
Sur tous ces sujets, Jean Favreau rappelle les différents points de vue en présence, sans oublier sa position personnelle ce qui restitue de façon très vivante, grâce aux anecdotes dont il émaille son récit, l’ambiance parfois tendue et agitée de ces moments de confrontation, allant jusqu’à la crise ouverte de 1952/53.
La fin de l’entretien concerne le regard de Jean Favreau sur l’évolution et l’avenir de la Psychanalyse.
« Vous êtes le sel de la terre. Si le sel s’affadit qui donc lui rendra sa saveur » ? disait-il souvent, paraphrasant une citation du Christ (selon Saint Matthieu).
Cette vision pessimiste de l’évolution à laquelle il assiste, Jean Favreau l’explique en mettant en cause « la désexualisation », « l’intellectualisation », et l’accroissement de la « réglementation » qui restreignent la liberté de l’exercice de l’Analyse, et la perte de ce qu’il appelle « la pureté de l’Analyse ».
Ainsi l’incertitude et la nostalgie terminent cet entretien si libre et animé qui témoigne d’un passé révolu.
Marianne Persine
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