Pour une psychanalyse ouverte.
Éditorial, Denys Ribas, Président de la SPP
La psychanalyse se doit de s’ouvrir au monde contemporain et à ses questionnements. Non pour dire une norme, mais pour être à leur écoute et les interroger en retour. Notre champ est le psychisme, individuel et collectif, dont l’exploration se fait par l’expérience clinique.
Ouverture de la psychanalyse à d’autres problématiques que névrotiques dont témoignent ses extensions : à diverses pathologies, de celles du narcissisme aux psychoses, à tous les âges de la vie, aux frontières de la psyché et du soma, à la famille comme aux groupes et aux institutions soignantes, avec des variations de cadre qui en découlent. Ces avancées – et en particulier l’intérêt des psychothérapies en face à face pratiquées par des analystes – ne doivent cependant pas se faire aux dépens de l’irremplaçable expérience d’une psychanalyse classique dont le dispositif compense un effacement de la perception visuelle de l’analyste par plus de présence avec au moins trois séances par semaine, permettant ainsi l’émergence dans la rencontre de la cure des conflits pulsionnels inconscients du sujet dans leur singularité.
Cette expérience, nous devons aussi l’ouvrir plus tôt aux jeunes professionnels en favorisant leur expérience d’une authentique psychanalyse, lorsqu’elle est indiquée, avec un nombre suffisant de séances, pour que ceux qui le souhaitent puissent entreprendre jeunes une formation qui peut débuter avant trente ans ! Une formation à l’analyse sans discrimination autre que celle du fonctionnement psychique et la capacité d’écoute de l’inconscient, le sien et celui de l’autre.
Ouverture aux confrontations théoriques et cliniques avec d’autres sociétés et courants analytiques tant français que du reste du monde. Ouverture aux autres sciences humaines et aux autres courants en psychologie et en psychiatrie.
Ouverture aussi aux débats, à la discussion critique. Comme la psychanalyse est née du dégagement de la séduction sexuelle traumatique comme étiologie de la névrose, accédant ainsi au fantasme inconscient, la psychanalyse moderne explore la construction psychique en s’affranchissant de la tentation qui a existé de prendre pour réalité étiologique les traumatismes ou les entraves qui ont laissé des traces. Elle prend en compte le corps, pulsionnel et affecté, avec sa biologie et ses déterminismes génétiques. Loin des polémiques, il existe des convergences avec les autres disciplines, et la confrontation avec elles et les recherches s’imposent pour approfondir notre connaissance de l’humain.
Une authentique psychanalyse, de l’adulte comme de l’enfant et de l’adolescent, devra évaluer son action. Mais en prenant en compte la spécificité de son champ – la subjectivité – et la particulière complexité d’en objectiver l’action, avec sa durée longue. Favoriser chez un enfant sa construction psychique, ou donner à un sujet un degré de liberté intérieure nouveau face à ses conflits et les répétitions, sont des enjeux pour la suite de leur vie…
19 juillet 2015